Solocal : FO refuse une subordination réelle contre une rémunération virtuelle

Après avoir réduit primes et indemnités, la direction de Solocal (ex-Pages Jaunes) veut reprendre la main sur le temps de travail des salariés en échange d’un intéressement. Soucieux de préserver leur équilibre de vie, le syndicat FO-Solocal refuse un chantage.

Force ouvrière n’acceptera pas le chantage. Pour Frédéric Gallois, secrétaire général du syndicat FO-Solocal (ex-Pages Jaunes), le pacte d’engagement proposé par la direction n’est rien d’autre qu’un ménage dans les accords existants. Annualisation, travail le samedi, horaires d’équipe contre intéressement et télétravail au rabais. Tel est le pacte que l’entreprise de marketing voudrait sceller avec les salariés et leurs représentants. La direction propose en fait que les salariés renoncent à des avantages en échange d’un intéressement virtuel, analyse Frédéric Gallois.

Rappelons que Solocal a été reprise en 2024 par l’ancien patron de Publicis, Maurice Lévy, alors qu’elle était dans une situation très précaire, cela sur fond d’une une dette financière héritée de la revente en 2006 de Pages Jaunes par France Télécom au fonds d’investissement KKR soulignait l’an dernier la fédération FEC-FO.

Le projet d’accord soumis aux syndicats lors de la réunion du 14 mai prévoit ni plus ni moins qu’une reprise en main du temps de travail. Actuellement, les salariés embauchent le matin sur un créneau horaire et ne travaillent que très rarement le samedi. Avec l’annualisation prévue par le pacte, ils devraient travailler entre zéro à 40 heures par semaine en fonction de l’activité. D’autre part, les volontaires et les salariés nouvellement embauchés seraient soumis à des horaires d’équipes : matin, journée, soir, cela du lundi au vendredi ou du mardi au samedi. Les salariés ne veulent pas perdre la souplesse des horaires ni travailler le samedi, ce qui supposerait par exemple, pour ceux qui ont des enfants, de payer une garde, répond Frédéric Gallois.

Rémunération virtuelle contre subordination du temps

En échange, la direction propose de l’intéressement. Donc rien avant 2026 ou 2027 et si les objectifs, toujours inatteignables, sont atteints, pointe Frédéric Gallois. FO veut bien discuter de l’intéressement, mais à part, distinctement du temps de travail, prévient-il. Il n’est pas question de lâcher la proie pour l’ombre. Quand même, l’entreprise voudrait bien que les syndicats signent pour montrer aux marchés qu’ils sont main dans la main avec la direction, analyse le militant.

La proposition de la direction est d’autant plus inacceptable pour FO que les salariés ont déjà perdu différents acquis. Ainsi, en 2023, leurs primes vacances, mariage, médaille du travail et leurs congés d’ancienneté. Et elle a revu à la baisse la protection sociale complémentaire et les indemnités de licenciement. FO a calculé qu’en dénonçant la convention d’entreprise, Solocal a réalisé entre 6 et 7 millions d’euros d’économies par an.

Télétravail au rabais

En 2024, la direction a en outre dénoncé l’accord télétravail, qui prévoyait jusqu’à deux jours de télétravail par semaine -peu indemnisés- et un quota de 12 à 22 jours répartis sur l’année. L’accord survit jusqu’à la fin du mois d’août 2025 mais les salariés sont inquiets pour la suite. Le 19 mai, la direction a présenté ses propositions sur le télétravail : un jour par semaine pour les salariés à temps plein, à décider avec le manager. Les salariés perdraient donc une journée par semaine et le quota annuel. Les temps partiels perdraient tout. L’argument de la direction est que le travail sur site crée de l’émulation, rapporte le militant qui pointe une pratique à rebours de celles du secteur, irresponsable écologiquement et peu attractive. Aussi, en l’état actuel de la négociation, FO n’est pas signataire.

Équilibre des temps

Frédéric Gallois souligne que les salariés sont très mobilisés pour défendre l’équilibre entre leurs vies professionnelle et personnelle. En 2020 rappelle-t-il, la direction avait tenté de supprimer des JRTT. Les salariés avaient alors fait grève à l’initiative de FO, la direction avait renoncé. Aujourd’hui, l’accord RTT tient toujours. Nous disons aux salariés que leur mobilisation leur a permis de conserver leur JRTT, prévient Frédéric Gallois.

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