Schneider Electric prévoit la suppression de 130 emplois à Privas, FO se mobilise

La direction de CEV, filiale du groupe Schneider Electric, a annoncé la fermeture de ses deux sites, en Ardèche et dans la Drôme, à l’horizon 2027, menaçant 130 emplois. Les négociations du PSE ont démarré. FO dénonce une trahison et exige des mesures sociales à la hauteur du préjudice subi. Redoutant d’autres restructurations à venir, le syndicat a appelé le 15 septembre à la mobilisation dans tous les sites du groupe.

Un mélange de haine, de tristesse et de dégoût. C’est, selon le délégué FO Carlos Marques, le ressenti des quelque 130 salariés de Construction électrique du Vivarais (CEV) dont les emplois sont menacés. La direction a brutalement annoncé le 9 septembre, lors d’un CSE, sa volonté de fermer ses deux sites à Privas, en Ardèche, et à Montélimar, dans la Drôme, à l’horizon de juin 2027.

Les salariés de cette filiale du groupe Schneider Electric sont tombés des nues, même si une première alerte avait été donnée en juin, lors d’un comité de groupe. On n’a pas compris. On a toujours atteint les objectifs qui nous étaient fixés. Depuis quelque temps l’activité était calme, mais le directeur nous disait de ne pas nous inquiéter, que ça allait décoller. On lui faisait confiance, explique Carlos Marques, délégué FO sur le site de Privas.

La filiale est spécialisée dans la réparation et le reconditionnement d’onduleurs électriques et de cartes électroniques. Pour justifier son plan social, la direction a anticipé une cessation d’activité en 2030. Schneider Electric a décidé de se fournir en onduleurs en Asie depuis plusieurs années et le groupe déconnecte le site de Privas des nouvelles gammes. Donc l’activité s’éteint peu à peu, explique Emmanuel Da Cruz, coordinateur syndical du groupe FO Schneider, première organisation syndicale chez le géant de matériel électrique.

Les machines de Privas vont être déménagées sur le site de Carros, près de Nice. Quant à la logistique, elle sera délocalisée aux Pays-Bas… chez DHL ! La direction nous parle de stratégie de groupe. Les coûts seraient devenus trop élevés pour trop peu de rentabilité. Son intention est de fermer l’usine de Privas pour redonner du volume de travail au site de Carros, qui connaît lui aussi une baisse d’activité. Pour nous cette décision n’est pas valable, dénonce Carlos Marques. Le groupe vient de débourser 5,5 milliards d’euros pour finaliser le rachat d’une énorme usine en Inde, et il ne veut pas investir 6 millions d’euros pour sauver Privas, poursuit-t-il.

4.3 milliards d’euros de bénéfices nets en 2024

Un plan de sauvegarde de l’emploi a été lancé. Les négociations courent jusqu’au 18 décembre. Les premières suppressions de postes sont annoncées pour le printemps 2026. Le syndicat FO qui entend que soient améliorées les conditions de mobilité et de départ, notamment via des mesures d’âge est déterminé à œuvrer afin que les négociations se prolongent au-delà du 18 décembre. Il va falloir qu’ils paient, prévient Carlos Marques. La fédération FO Métaux exige de la part du groupe la garantie du reclassement de l’ensemble des salariés sur les sites industriels du bassin d’emploi, afin d’éviter tout licenciement sec. L’intersyndicale a également lancé une expertise économique.

Le 15 septembre, FO a appelé les salariés à l’échelle du groupe à se mobiliser pour soutenir les salariés de CEV et exiger des mesures sociales à hauteur du préjudice subi. Le syndicat est également très inquiet pour l’avenir des sites sur l’ensemble du territoire, alors qu’un plan intitulé Cap2030 doit être présenté mi-octobre par le directeur général de Schneider Electric. Emmanuel Da Cruz redoute que la fermeture du site de Privas ne soit que la première étape d’un vaste plan de restructuration industrielle du groupe à l’échelle européenne, et notamment en France. FO n’acceptera pas que la réponse de Schneider à la réindustrialisation de la France se traduise par une succession de fermetures d’usines ou de suppressions d’emplois. La mobilisation du 15 septembre était un coup de semonce, pour montrer qu’on est prêts à en découdre, prévient-il.

Les militants FO sont d’autant plus remontés que le groupe Schneider Electric a enregistré l’an dernier un bénéfice record de 4,3 milliards d’euros, en hausse de 7 % sur un an. Son chiffre d’affaires a progressé de 6,3% pour atteindre 38 milliards d’euros, un record absolu. C’est la quatrième entreprise du CAC 40, avec une profitabilité de 20%, l’équivalent des boîtes du luxe. Et elle perçoit chaque année 100 millions d’euros d’aides publiques, en Crédit impôt recherche et CICE, souligne Emmanuel Da Cruz.

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