Réforme de l’audiovisuel public : un revers à l’Assemblée mais un calendrier qui s’accélère

Les députés ont rejeté le 30 juin la proposition de loi visant à créer une holding regroupant France Télévisions, Radio France et l’INA au 1er janvier 2026. Le même jour, une grève reconductible a entraîné de fortes perturbations sur les antennes. Les salariés continuent de s’opposer à ce projet qu’ils jugent dangereux en matière de conditions de travail et de pluralisme de l’audiovisuel public.

La réforme de l’audiovisuel public poursuit son parcours cahoteux, malgré l’opposition constante des salariés. Lundi 30 juin, la grève illimitée lancée à France Télévisions et à Radio France a fortement perturbé les antennes. Seules trois antennes régionales ont pu assurer une édition le soir, rapporte Bruno Demange, secrétaire général adjoint de la Fédération FO des arts, du spectacle, de l’audiovisuel et de la presse (FASAP-FO).

Journalistes et techniciens se battent contre le projet de création d’une holding qui réunirait Radio France, France Télévisions et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) sous une même direction. France Médias Monde, qui regroupe la chaîne de télé France 24 et la radio RFI, a finalement été exclue du périmètre de la réforme après plusieurs volte-face alimentant l’incertitude. Mais le jour du lancement de la grève illimitée, la proposition de loi a connu un nouveau revers, rejetée par l’Assemblée nationale. Au mieux, cela montre que la ministre de la Culture n’est pas soutenue y compris dans sa propre équipe : c’est un camouflet, analyse le secrétaire général adjoint.

Un camouflet en apparence

Mais ce désaveu ne signe pas la fin du texte. Et analyse Bruno Demange, du fait d’une possible accélération de la navette parlementaire pour l’examen de celui-ci, le calendrier prévu pourrait même être tenu. En effet, le texte prévoit actuellement la création de la holding au 1er janvier 2026, délai qui semblait de moins en moins tenable à mesure que l’examen du texte était reporté. Le 3 juillet, le Sénat a approuvé en commission la proposition de loi. L’objectif serait de passer en séance plénière au Sénat le 10 ou le 11 juillet, expose Bruno Demange. C’est un calendrier très surprenant quand on connaît la lenteur parlementaire, et alors que plusieurs textes urgents ne sont pas encore passés.

À France Télévisions, le préavis de grève illimitée demeure actif, et un rassemblement est envisagé devant le Sénat le 11 juillet. Les salariés redoutent de n’avoir qu’un unique directeur des informations pour toutes les antennes, rappelle le militant. On se dit que l’influence qui pourrait être exercée sur lui serait plus forte que quand chacun est chez soi.

Un rapport d’accompagnement rendu sans consultation syndicale

Dans un rapport de la « mission d’accompagnement sur la réforme de gouvernance de l’audiovisuel public » commandé par le gouvernement et publié à la mi-juin, Laurence Bloch, ancienne directrice des antennes de Radio France, estime qu’il est possible de mener ce projet à un coût quasi nul, entre autres grâce aux économies potentiellement rapportées par la mutualisation des fonctions support. Un calcul qui ne convainc pas Bruno Demange : Ne serait-ce que par son fonctionnement, la holding coûtera de l’argent. Il faut aussi savoir que ce rapport a été écrit et livré avant que les syndicats soient consultés. On a été reçus, mais après. Ce qu’en pensent les représentants du personnel n’avait pas une grande importance pour Laurence Bloch.

Par ailleurs, le rapport constate l’échec des coopérations par le bas entre Radio France et France Télévisions que la direction a jusqu’à présent tenté de mettre en place. Notre actionnaire [l’État] estime que cette coordination ne se met pas en place assez vite, note Bruno Demange. Je peux le concevoir. Mais s’ils veulent qu’on soit une seule et même entité, il est certain que cela va prendre du temps. Probablement encore plus si les représentants des salariés ne sont pas associés aux débats.

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