Rapport AT/MP 2024 : Force Ouvrière alerte sur une aggravation silencieuse des risques professionnels

La publication du Rapport AT/MP 2024 par l’Assurance maladie – Risques professionnels confirme ce que FO dénonce depuis des années : la sinistralité ne disparaît pas, elle se transforme. Derrière les chiffres officiels, c’est une réalité préoccupante qui se dessine pour les travailleuses et les travailleurs.
Officiellement, les accidents du travail reculent légèrement (- 1,1 %), mais cette baisse est largement compensée par la hausse des maladies professionnelles (+ 6,7 %), dominées par les troubles musculosquelettiques et par l’essor continu des pathologies psychiques (+ 9 % en un an et multipliées par deux depuis 2020). Pour FO, cette évolution traduit la dégradation structurelle des conditions de travail : intensification, sous-effectifs, réorganisations permanentes, pression psychique accrue, etc.
Pour preuve, les indemnités journalières atteignent 4,9 milliards d’euros, devenant le premier poste de dépenses de la branche. FO refuse que ces chiffres soient instrumentalisés pour culpabiliser les salariés : si les arrêts augmentent, c’est parce que le travail abîme davantage, pas parce que les salariés y auraient recours plus facilement.
Le niveau de mortalité au travail explose lui aussi. En 2024, 1 297 travailleurs ont perdu la vie à la suite d’un accident du travail ou de trajet, ou encore d’une maladie professionnelle, soit 25 décès par semaine. Ce chiffre, en hausse constante, est insoutenable. FO rappelle que plus de la moitié des accidents mortels sont classés comme des « malaises », une qualification qui masque trop souvent l’origine professionnelle réelle : chaleur, cadence, fatigue, charge mentale, exposition à des substances… FO exige une analyse systématique de ces décès pour ne plus invisibiliser leur dimension professionnelle.
Les jeunes sont eux aussi fortement exposés : plus d’un décès sur deux chez les moins de 25 ans survient dans l’année suivant la prise de poste, révélant de graves manques en matière d’accueil et de formation.
Concernant la sinistralité, la manutention demeure la première cause d’accidents (50 %), suivie des chutes (27 %). Les intérimaires restent deux fois plus accidentés que les autres salariés. FO réaffirme que la prévention doit être la priorité absolue avec le renforcement des CSE et la réintégration des CHSCT, la lutte contre la sous-traitance en cascade, la sécurisation des postes et des moyens accrus pour l’inspection du travail.
Les risques psychosociaux constituent également une urgence. FO demande la création d’un tableau de maladies professionnelles dédié, indispensable pour garantir une reconnaissance plus simple et plus juste. Le rôle des CRRMP doit, lui, être pleinement maintenu afin d’assurer une expertise indépendante.
Enfin, alors que la branche AT/MP présente un excédent de 686 millions d’euros en 2024, les budgets de prévention restent limités. Pour FO, c’est un non-sens : ces excédents doivent être en priorité consacrés à la prévention, à l’amélioration des conditions de travail et au soutien des représentants du personnel.
Pour FO, le message demeure clair : la santé au travail est un droit fondamental. Le travail ne doit plus tuer, ni blesser, ni briser.
