Quelque 13% de Français en situation de privation matérielle et sociale

Le préambule de la Constitution de 1946, repris dans celui de 1958, précise : La nation assure à l’individu et à la famille les conditions nécessaires à leur développement. Un principe durement mis à l’épreuve par la persistance de la pauvreté, voire de la misère.

Ainsi, selon l’Insee, en France, 13% de la population est en situation de privation matérielle et sociale. C’est-à-dire qu’environ 8,6 millions de personnes ne peuvent pas couvrir au moins cinq des treize besoins considérés comme souhaitables, voire nécessaires à un niveau de vie correct (possession de deux paires de chaussures, dépenser une petite somme librement, s’acheter des vêtements neufs, se payer une voiture, avoir un accès Internet à domicile…).

Chômeurs, ouvriers, familles monoparentales…

Si cette proportion baisse légèrement par rapport à 2023 (elle était alors de 13,6%), elle reste néanmoins le double de ce qui était calculé dix ans plus tôt (6%). La privation matérielle et sociale touche en priorité les chômeurs (35%). Et parmi les personnes en emploi elle concerne avant tout les ouvriers (16,1%) et les employés (14,1%). Par ailleurs, les personnes vivant dans une famille monoparentale (26,7%) sont davantage affectées.

Ainsi, de nos jours, 12% des Français ne peuvent pas chauffer leur logement suffisamment, une proportion qui a doublé en dix ans ; 10% ne sont pas en mesure de consommer des protéines (viande, poisson…) au moins un jour sur deux et 10,2% ne peuvent payer à temps loyers et factures.

L’alimentation recalée en troisième position des postes de dépenses

Quelque 30% des Français rencontrent des difficultés à se procurer une alimentation saine permettant trois repas par jour (contre 21% en 2018), estime le Baromètre 2024 de la pauvreté et de la précarité (Secours populaire).

Et c’est le cas de 61% des personnes dont le revenu est inférieur à 1 200 euros mensuels. Une proportion de 32% de Français ne font plus trois repas par jour du fait de l’inflation (même si celle-ci marque un recul après l’envolée des prix des années 2022 et 2023) et 33% restreignent leur consommation alimentaire pour préserver celle de leurs enfants. Le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) estimait quant à lui en 2023 que 10% des Français ne mangeaient pas toujours suffisamment.

53% des travailleurs pauvres ne mangent pas à leur faim

Entre 2019 et 2023, le nombre de personnes recourant aux banques alimentaires a bondi de 35%.

Et parmi ces nouveaux bénéficiaires, la catégorie qui augmente le plus est celle des travailleurs pauvres. Si 24% des usagers de ces réseaux sont sans emploi, 22% sont en poste (dont près de la moitié à temps plein) et 20% sont des retraités.

Pas étonnant si l’on a connaissance des données récentes issues d’un sondage de l’ANDES (réseau national des épiceries solidaires). Celui-ci révèle que 53% des travailleurs pauvres ne mangent pas à leur faim, 40% sautent régulièrement des repas et 60% disent ne pas réussir à nourrir leurs enfants correctement.

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