Pour Vincent Krausse, l’histoire du syndicalisme devrait être enseignée à l’école

Vincent Krausse, 41 ans, est électricien chez Heuliez Bus à Rorthais, dans les Deux-Sèvres. Après avoir été anti-syndicats durant les premières années de sa vie professionnelle, il a découvert FO en 2017 et depuis il s’épanouit dans le militantisme.

A ant de rencontrer FO, j’étais anti-syndicats, assume Vincent Krausse. Après des études en comptabilité, n’ayant pas trouvé d’emploi dans sa branche, le jeune homme travaille d’abord en logistique pour le fabricant de fenêtres Millet. Puis il prend un congé CIF pour devenir électricien, son métier de rêve. Le CAP en poche, il entre chez Heuliez Bus à Rorthais, en 2014. Sa mission, câbler les véhicules électriques, installer le matériel embarqué, faire des essais et des dépannages.

S’il s’est toujours battu pour défendre ses droits et ceux de ses collègues, il est resté, dans un premier temps, loin des syndicats. J’en avais une mauvaise image. À 19 ans, chez Millet, j’avais entraîné huit collègues à faire grève pour obtenir une augmentation de salaire. Le seul syndicat présent dans l’entreprise ne nous avait pas soutenus. Je ne connaissais que ce syndicat mais j’ai vite fait un amalgame, avoue-t-il.

C’est en 2017, chez Heuliez Bus, à l’occasion d’une grève lancée par FO pour les NAO, qu’il commence à changer de point de vue. Comme on a passé quatre jours dehors, j’ai eu le temps de discuter longuement avec le délégué FO. À ma façon de voir les choses, il estimait que j’étais militant sans le savoir. Il m’a proposé de faire un stage découverte avec le CFMS, sans être syndiqué. C’était un pari, mais il a bien fait, poursuit Vincent Krausse.

Durant la formation, il découvre notamment l’histoire du syndicalisme en France. Je jugeais les syndicats sans rien y connaître. Je ne comprends pas que cette histoire ne soit pas enseignée à l’école, ajoute-t-il. Les discussions avec sa formatrice ou sa secrétaire d’UD, tout comme les valeurs de liberté et d’indépendance propres à FO, achèvent de le convaincre.

Il adhère en novembre 2017 et s’investit immédiatement au sein de la section FO Heuliez Bus. La structure, créée en 2013, avait alors un taux de représentativité de 30 %. C’était très enthousiasmant, on était une équipe jeune, on défendait les mêmes choses, on était sur la même longueur d’onde, poursuit Vincent Krausse.

45,8 % de représentativité

Des élections sont organisées dix mois plus tard. Tête de liste, il se retrouve élu au CSE. Puis il devient, au fil du temps, secrétaire de la section, délégué syndical, et secrétaire de l’union des syndicats de la métallurgie dans le département. En parallèle, il découvre l’interpro. En 2019, il devient secrétaire de l’union locale de Bressuire, qu’il redynamise.

En avril 2024, celui qui est aussi conseiller prud’homal est élu secrétaire adjoint de l’union départementale des Deux-Sèvres. Cet emploi du temps bien chargé et ses nombreuses heures de délégation syndicale éloignent le militant de son poste de travail. J’adore mon métier mais le militantisme a pris le dessus, c’est là que je m’épanouis. Faire du terrain dans l’entreprise, me battre avec les camarades au quotidien, former des gens, je n’en avais pas conscience, mais c’était ce que je voulais faire, poursuit-il.

Chez Heuliez Bus, la représentativité de FO atteint désormais 45,8 %. L’objectif de l’équipe est que le syndicat devienne majoritaire à l’issue des prochaines élections, en novembre 2026. D’ici là, il y a notamment les NAO à négocier en cette rentrée.  Les salariés ont des attentes. Ça peut coincer mais la direction sait que nous avons les moyens de nous faire entendre. L’an dernier, pour les NAO, nous avions lancé une grève qui avait duré cinq jours, suivie par cent cinquante salariés, rappelle-t-il. L’entreprise se porte très bien, souligne par ailleurs le militant. Le carnet de commandes est plein jusqu’à fin 2026, et les effectifs vont passer de 500 à 600 CDI en fin d’année.

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