OIT : Une nouvelle norme, quelques avancées et des sources d’inquiétude

La 113e session de la conférence internationale du travail (CIT), permet l’adoption d’une norme contre les dangers biologiques en milieu de travail dans une ambiance agitée.

Ambiance tendue à l’Organisation internationale du travail qui réunissait sa 113e session du 2 au 13 juin dernier. Les États-Unis se sont opposés à la mention de l’identité de genre dans quelque texte que ce soit, ce qui a compliqué discussions et rédactions, observe Branislav Rugani, secrétaire confédéral FO au secteur international. Le pays avait aussi annoncé qu’il diminuerait sa contribution financière. Sur ce point, un statu quo a été acté : la subvention est identique au cycle précédent, ce qui représente néanmoins (en tenant compte de l’inflation) la perte d’environ 200 postes pour l’organisation. Le bureau français pourrait disparaître, alors que nous sommes parmi les fondateurs de l’OIT, souligne Branislav Rugani. Nous avons alerté le ministère à ce sujet et sollicité qu’il puisse prendre en charge le financement de ce bureau.

Pied à pied, des avancées obtenues

Malgré les difficultés, les représentants des travailleurs, des employeurs et des gouvernements ont validé la norme visant à prévenir l’exposition aux dangers biologiques en milieu de travail et protéger les salariés. Il était temps car cela faisait six ans qu’aucune nouvelle norme ou convention n’avait été adoptée. Les délégués des travailleurs sont parvenus à allonger la liste des secteurs devant faire l’objet d’une évaluation des risques (santé, agriculture, gestion de l’eau et des déchets, nettoyage et entretien, travail humanitaire, laboratoires, transports, foresterie, biotech et pharmacie, services funéraires…). Nous avons aussi pu élargir la définition du risque biologique à la présence d’animaux ou de plantes, poursuit le secrétaire confédéral.

Les échanges au sujet des amendements au code de la Convention du travail maritime ont été plus consensuels. Les délégations ont ainsi renforcé notamment la reconnaissance des gens de mer comme « travailleurs clés », amélioré leur accès aux soins médicaux à bord des navires et à terre, facilité l’organisation et la prise en charge de leur rapatriement quand nécessaire…

Les participants de cette 113e Conférence se sont également entendus sur l’élaboration future d’une convention et d’une recommandation sur le travail décent dans l’économie de plateformes. Mais devant les nombreux désaccords, celle-ci sera recentrée sur l’utilisation des systèmes automatisés et leurs effets sur les conditions et l’accès au travail.

La Palestine, observateur sans droit de vote

Par ailleurs, une résolution accorde désormais à la Palestine un statut d’État non membre observateur. La Palestine était présente à l’OIT en tant que mouvement de libération. Elle pourra désormais siéger parmi les différentes instances, prendre la parole, déposer des propositions et amendements, faire des propositions d’ordre du jour, sans posséder le droit de vote au sein de la CIT ni de l’OIT.

Enfin des plaintes concernant le non-respect des droits humains et syndicaux par l’Iran, la Biélorussie, le Panama, le Myanmar et l’Arabie saoudite ont été examinées. Elles ont fait l’objet de recommandations spécifiques. Les réponses apportées par les gouvernements inquiètent et démontrent qu’il est difficile de garantir les droits et une sécurité aux travailleurs dans des pays refusant d’appliquer les normes qu’ils ont ratifiés souligne FO. Encore moins, lorsque les budgets sont coupés.

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