Nordine Ouali, engagé aux côtés des salariés du site logistique de La Redoute

La page est très douloureuse à tourner pour les 322 salariés de l’entrepôt Quai 30, renommé récemment ID4Fashion et situé à Wattrelos, dans le Nord. Depuis le 1^er juin, ils ne sont plus employés par La Redoute mais par l’entreprise ID Logistics. L’enseigne de vente à distance reste cependant propriétaire du bâtiment et des machines ultramodernes. Un contrat commercial a été signé pour six ans entre les deux parties.

Le transfert de gestion du personnel a été brutalement annoncé en CSE extraordinaire en février dernier. On l’a très mal vécu, comme une trahison. Les salariés ont fait toute leur carrière à La Redoute. Dans l’entrepôt, l’ancienneté va de vingt à quarante et un ans. Et un mois plus tôt, lors de ses vœux, le directeur n’en avait rien dit, explique Nordine Ouali, agent logistique et délégué FO.

Il est entré à La Redoute en 2000 comme intérimaire, avant de signer un CDI en 2004.  C’était la belle époque, on était encore 4 000 salariés, on était bien traités, il y avait un esprit de famille, poursuit le militant. En janvier dernier, avant le transfert, les effectifs étaient tombés à 1 400 salariés, en comptant le siège, l’entrepôt et les corners.

Nordine Ouali s’est engagé syndicalement en 2006, dans une autre organisation que FO. Un collègue a estimé que j’avais un petit potentiel. J’étais revendicatif, sociable et bien avec tout le monde. À l’époque, je ne faisais pas la différence entre les étiquettes syndicales, mais j’étais prêt à m’engager pour défendre les collègues et négocier, explique celui qui a été animateur dans un centre social à Roubaix et qui s’est beaucoup investi dans le monde associatif.

 Je ne lâche rien

En 2014, sa fédération signe un plan social supprimant 1 200 postes à La Redoute, malgré l’opposition des adhérents. Se sentant trahis, une majorité de militants, dont Nordine, claquent la porte de l’organisation et viennent à FO. Ils relancent alors le syndicat qui deviendra majoritaire à l’entrepôt.

En 2018, au départ de la déléguée centrale, il est élu responsable de la section. Son moteur, être utile aux salariés. Il y a beaucoup de précarité dans les sites industriels, alors je ne lâche rien, poursuit celui qui a dû négocier, en tant que représentant du personnel, plans sociaux, restructurations, fermetures de magasins puis l’externalisation.

C’est sans hésiter qu’il a appelé à la mobilisation dès le mois de février pour préserver les acquis sociaux des salariés de l’entrepôt dans le cadre du transfert. D’autant que ce dernier entraîne le passage de la convention collective de la vente à distance à celle de la logistique, moins-disante à ses yeux. Au départ, ID Logistics ne mettait rien sur la table. J’ai réuni les adhérents et les délégués FO et on est rentrés dans un blocage dur du site, raconte-t-il.

La bataille a duré quatre mois, avec le soutien des collègues de La Redoute. Et les salariés ont obtenu, pour les six ans du contrat commercial avec l’enseigne, le maintien de l’accord de 2016 concernant notamment la rémunération, l’organisation du travail et les jours de congés. On y a laissé des plumes du point de vue financier, de la santé et de la vie de famille. Mais on ne regrette rien car on est allés au bout des choses et elles ont été bien faites. Seule la prime de transfert n’a pas été à la hauteur, estime le militant.

La combativité de FO a été reconnue lors des élections professionnelles. Avec sept sièges de titulaires sur dix et 60 % de représentativité, le syndicat est sorti majoritaire du scrutin organisé en octobre chez le nouvel employeur. L’équipe a désormais tous les atouts en main pour négocier sur les sujets non couverts par l’accord de 2016, comme l’intéressement, la participation ou le travail les jours fériés.