Le film d’une vie
Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans, Anne Plantagenet. Éditions Seuil – 157 pages, 17,50 euros.
C’est l’histoire d’une rencontre inattendue, un choc des cultures presque, entre le monde de l’usine, celui du cinéma et de l’écriture.
Sur un plateau de tournage, l’auteure fait la connaissance d’une figurante du film En guerre . Celle-ci travaille à la chaîne dans une usine qui connaît des difficultés, elle est une représentante syndicale investie et découvre l’univers du cinéma.
Entre ces deux femmes, un lien va se tisser, distendu mais concret, qui nous permet de suivre le cheminement de leurs vies. Cette narration est particulière car elle nous fait découvrir l’une par les yeux de l’autre : on a ainsi tout à la fois les émotions de celle qui se confie et le ressenti de celle qui rapporte, dans une sorte de mise en abîme.
C’est ainsi la mise en lumière d’une « invisible » dont on découvre les blessures d’enfance, la vie de tous les jours, les combats qu’elle mène et dans le même temps, la réflexion et les émotions de celle qui raconte, comme un effet miroir.
C’est aussi un coup de projecteur sur les conditions de travail, les pressions, le management toxique et l’absence de considération par les dirigeants. Cela donne un livre vivant, un témoignage fort de la vérité d’une, de deux vies. Un texte riche, rempli d’ambiguïtés et de tensions émotionnelles.
Ce roman, qui touche au cœur, est une vraie tragédie grecque. Comme un destin impossible à changer. Le destin de cette femme étant de rester en bas de l’échelle sociale pour toujours.