Frédéric Souillot : « L’héritage de Robert Bothereau »

Il y a quarante ans, le 31 mai 1985, disparaissait Robert Bothereau. Il a été le premier secrétaire général de FO en 1948, lors de son congrès constitutif. Fidèle de Léon Jouhaux, il a créé, maintenu, consolidé les fondations de notre organisation, sur les principes de la liberté et de l’indépendance. Il passera la main à André Bergeron en 1963.

Ancien ouvrier mécanicien, engagé tôt dans l’action syndicale, secrétaire de l’UD CGT du Loiret, puis membre du Bureau confédéral, grand résistant, il participe à la reconstitution de la CGT clandestine à la fin de la guerre, puis organise Les amis de Léon Jouhaux autour des partisans du journal Résistance Ouvrière, qu’il transforme en Force Ouvrière. Il est de ceux qui organisent la scission de la CGT, convaincu de la nécessité d’un syndicalisme indépendant.

Il s’est battu pour obtenir la liberté de négociation dans le cadre des conventions collectives, ce qui s’est passé avec la loi de mai 1950. Demandant au gouvernement de ne pas se mêler de ce qui s’accomplissait fort bien sans lui, il a été l’un des principaux instigateurs de la pratique contractuelle. Cela a permis et permet encore les nombreux accords de salaire et les structures gérées par le paritarisme, Assurance chômage, retraites complémentaires, l’allongement des périodes de congés payés, autant de conquêtes sociales qui ont considérablement amélioré la condition ouvrière.

Être soi-même, pour ne pas être le jouet des autres

L’héritage de Robert Bothereau est immense, son mandat est marqué par la progression du pouvoir d’achat, le renforcement de la Sécurité sociale, le développement du paritarisme. Lors de son dernier congrès, en 1963, il fixe le cap pour affirmer l’indépendance du syndicalisme et la défense de la liberté, affirmer aussi la spécificité de Force Ouvrière : être soi-même, pour ne pas être le jouet des autres, dans une organisation composée de militants syndicalistes sincères et sérieux.

Aujourd’hui le monde a changé mais les défis sont les mêmes : faire progresser le pouvoir d’achat et les conditions de travail, renforcer les services publics et la Sécurité sociale, alors que l’on célèbre cette année ses 80 ans, préserver les conquêtes sociales obtenues par la pratique contractuelle et conventionnelle, obtenir la justice sociale. Ces revendications restent plus que jamais d’actualité !

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