FO Energie et Mines en congrès : Pour un service public de l’énergie et dans la défense du statut dans les IEG
Le 7e congrès de la fédération FO Energie et Mines s’est tenu du 2 au 5 juin à Arcachon (Gironde), en présence de plus de 400 militants. Les débats ont porté sur la nécessité de défendre le statut des personnels des industries électriques et gazières/IEG, face aux attaques du patronat et du gouvernement. La fédération continuera aussi à revendiquer la création d’un pôle public de l’énergie décarbonée. Séquence émotion aussi en ce congrès avec l’élection de Sandrine Tellier à la tête de la fédé. La militante, ancienne secrétaire fédérale, devient donc la secrétaire générale de FO Energie, remplaçant à ce mandat Alain André, élu en 2021 et faisant valoir ses droits à la retraite.
La fédération FO Energie et Mines a tenu des 2 au 5 juin son 7e congrès à Arcachon rassemblant ainsi 430 militants de ces secteurs dans cette petite ville de Gironde. Un lieu balnéaire certes mais pour un congrès très studieux. Ce congrès auquel s’est joint le secrétaire général de la confédération, Frédéric Souillot, a notamment dressé un bilan positif des quatre ans d’activité de la fédération. Malgré un accord sur le dialogue social défavorable dans la branche des IEG (industries électriques et gazières), accord non signé par FO et qui a diminué de 12 % les moyens syndicaux (le nombre de détachements) des fédérations syndicales, FO-Energie (la Fnem-FO) a enregistré 20 % de cotisations supplémentaires entre 2022 et 2024. Lors des élections des IRP (instances représentatives des personnels) dans la branche en de 2023, FO a par ailleurs maintenu sa quatrième position avec une audience de 16,45%. Nous sommes dans les deux organisations syndicales qui ont progressé dans la branche des IEG
a salué Alain André, le secrétaire général sortant. Il a incité les militants à mettre le paquet
pour poursuivre cet élan lors des élections des IRP de branche en 2027. A noter que dans nombre d’entreprises, les succès sont encourageants : FO est devenue la première organisation syndicale chez Engie SA, avec 42,46 % des suffrages lors des élections de 2023. Chez EDF SA, elle a maintenu sa quatrième place (avec 15,33 %). Chez EDF commerces, en 2023, FO s’est hissée à la seconde place, recueillant 33,46 % de voix.
Vigilance sur la clause du grand-père
Déroulant le rapport d’activité de la fédération (rapport adopté à l’unanimité), Alain André est aussi revenu sur les combats menés par FO pour sauvegarder le statut du personnel des IEG, cela face à l’offensive tant du patronat que du gouvernement. En tête des batailles, celle contre la réforme des retraites de 2023, adoptée à coups de 49.3. La fédération a été de toutes les mobilisations contre cette réforme qui a fermé les régimes spéciaux de retraite après le 1er septembre 2023, dont celui des IEG. On a perdu. Mais on a tenu notre rang
a souligné Alain André. Le congrès a rappelé la demande de FO d’une abrogation de cette réforme.
Et le secrétaire général a appelé à la plus grande vigilance sur le maintien de la clause du grand-père, qui permet aux salariés embauchés avant le 1er septembre 2023 de conserver le régime retraite des IEG. Avant la réforme, le Sénat voulait déjà supprimer cette clause
, a-t-il rappelé. Et après la réforme, la fédération a dû batailler pour que les salariés concernés conservent leur affiliation au régime retraite des IEG en cas de congé (parental, proche aidant…) suspendant les cotisations. Sur l’insistance de FO, le décret prévoyant ce maintien d’affiliation devrait être entériné début juillet.
Certains militants, comme Thibaud Loiseleur (Enedis Sud-Ouest), ont fait part de leur inquiétude concernant l’avenir du statut des IEG depuis cette réforme. Mais le militant soulignait aussi l’effet positif qu’ont eu les mobilisations contre la réforme : elles ont en effet renforcé la cohésion locale. On a mené des actions d’ampleur avec d’autres camarades d’EDF, de l’hydro ou de RTE pour lutter contre cette réforme. Nos liens se sont renforcés, et ils perdurent toujours !
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Défendre le salaire national de base
Au chapitre des victoires, ces quatre dernières années ont été marqués par la hausse notable des salaires des électriciens et des gaziers. Des augmentations obtenues grâce à la forte mobilisation intersyndicale en 2022 : A coups de grèves, on a obtenu deux niveaux de rémunération dans les entreprises, soit environ 5 % d’augmentation. Depuis les années 80, on n’avait jamais vu ça !
s’est réjoui Alain André. Chez nous, la grève de 2022 a créé un formidable élan collectif. La mobilisation des militants a permis d’exercer une pression décisive sur les directions
a renchéri Franck Gein, de FO énergies Laro.
Si, conséquence cette mobilisation, le salaire national de base (SNB) de la branche a été augmenté de 3,2 % au milieu de la grille, pour FO néanmoins, cette grille doit être entièrement revalorisée. Dans sa résolution, le congrès revendique une indexation du SNB sur le Smic, la création de deux échelons supplémentaires et un salaire minimum de branche à 2 000 euros brut pour le premier échelon.
Alors que les négociations de branche devraient reprendre sur le dossier salarial, il faudra résister à l’offensive patronale : Le salaire national de base garantit une hausse de tous les salaires dans la branche. Les employeurs, eux, n’ont de cesse de vouloir le supprimer. Ils défendent désormais un nouveau concept de salaire d’entreprise de base. Ce qui revient à détricoter les acquis salariaux de la branche !
a dénoncé Alain André. Le congrès rappelle donc qu’il combattra ces attaques, en défendant le statut du personnel des IEG et le salaire national de base.
Pour la création d’un pôle public de l’énergie décarbonée
La crise énergétique de 2022 a forcé les pouvoirs publics à prendre des mesures pour protéger EDF. Depuis la loi anti-démembrement du groupe d’avril 2024, EDF reste unifié, son capital étant détenu à 100 % par l’État. FO regrette toutefois qu’Enedis ait été sorti de cette loi, laissant la possibilité à l’État d’ouvrir son capital. Le congrès demande sa réintégration. Par ailleurs, si cette loi protège EDF de la privatisation, elle n’empêche pas la création de filiales qui contournent le statut des IEG : EDF, c’est désormais deux, trois ou quatre conventions collectives différentes, et des ingénieurs qui vont se retrouver à la convention du Syntec
a illustré Alain André, indiquant que la fédération travaille sur ce point avec la FEC FO. Pour la fédération, il faut revenir à un grand service public de l’énergie. Le congrès revendique le regroupement d’EDF et d’Engie au sein d’un EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial). Cette structure permettrait la création d’un pôle public national de l’énergie décarbonée, défendu par FO. Le congrès a exigé aussi l’application du statut des IEG à tous les personnels de l’électricité et du gaz, de la production aux fonctions supports.
Filière gaz : Les départs volontaires masquent trop souvent des départs forcés
Dans le secteur du gaz, l’ouverture à la concurrence fait des ravages. Cela conduit à une dégradation des conditions de travail et menace les emplois, ont témoigné des militants : Chez Engie, depuis quatre ans, on assiste à un véritable dépeçage du groupe, avec des plans de ventes d’activités et une forte casse sociale. Le groupe a versé 3,5 milliards d’euros de dividendes cette année à ces actionnaires en s’endettant. Les effectifs, eux, connaissent une lente érosion. Entre 2017 et aujourd’hui, chez Engie SA, ils sont passés de 4 800 à 3 800 salariés
a dénoncé Sabri Belhachni, délégué FO chez Engie, qui entend bien se battre
encore pour le maintien des emplois. Même écho chez les délégués de NaTran (ex-GRT-Gaz). La France a besoin d’une filière de gaz forte pour garantir sa souveraineté énergétique. Et pourtant, les restructurations s’enchainent. On vit des réorganisations et une précarisation croissante de nos métiers. Les effectifs fondent, alors que les besoins en innovation et en maintenance sont toujours là. Les départs volontaires masquent trop souvent des départs forcés. Il faut de la stabilité !
a lancé Mohamed Mejeb, délégué FO chez NaTran.
La syndicalisation des cadres en ligne de mire
Dans sa résolution, FO Energie et Mines appelle ses militants à amplifier la syndicalisation et à développer les implantations. Le congrès a tenu à insister notamment sur la syndicalisation des cadres. Plusieurs militants ont en effet pointé l’enjeu du vote de l’encadrement : Nous sommes très majoritaires sur les collègues exécution et maitrise, mais c’est le collège cadres qui nous a permis de progresser. Comme quoi, en dehors de nos collèges historiques, on peut aussi chercher à gagner chez les cadres !
a encouragé Sabri Belhachni, de FO Engie. Chez RTE, remarquait aussi Hervé Costa, délégué FO RTE Normandie-Paris, les embauches concernent surtout des cadres : Aux dernières élections, les cadres représentaient 53 % des effectifs chez RTE. Aujourd’hui, c’est 57 %
. Les effectifs se sont en outre renouvelés : Chez nous, un quart des agents qui voteront aux prochaines élections auront moins de cinq ans d’ancienneté. C’est un bouleversement majeur qu’il faut anticiper. Il faut recevoir ces salariés un par un, comprendre leurs attentes, les informer de ce que nous négocions ou non dans les IEG
a souligné le militant.

Une femme à la barre : Sandrine Tellier élue secrétaire générale
Ce septième congrès de FO Energie et Mines marquait aussi un tournant à la tête de la fédération, le secrétaire général Alain André partant à la retraite. A la majorité du congrès, Sandrine Tellier, secrétaire fédérale en charge de la branche IEG, a été élue secrétaire générale de la fédération.
Beaucoup d’échéances nous attendent
a-t-elle souligné. Elle a ainsi rappelé l’importance des prochaines élections dans la branche des IEG en 2027, mais aussi dans les conseils d’administration des CMCAS, (les caisses en charge des activités sociales des IEG) qui auront lieu cet automne. La défense du statut des IEG sera aussi une priorité : Il va falloir qu’on contrecarre les attaques sur notre statut et nos salaires, face à des employeurs qui veulent diminuer les stocks de salariés sous statut comme ils disent
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La secrétaire générale entend aussi développer la formation des secrétaires des syndicats et s’appuyer sur les correspondants régionaux FO pour renforcer davantage le lien entre les équipes et les métiers
. De quoi se mettre en ordre de bataille.
