Fermeture des maternités : après les multiples alertes de FO, enfin l’espoir d’un moratoire

Alors que la mortalité infantile est en hausse en France, l’Assemblée nationale vient d’adopter en première lecture une proposition de loi défendant un moratoire sur trois ans concernant la fermeture de maternités. Une décision utile mais qui arrive tard indique la fédération SPS-FO.

Certains chiffres inquiètent plus que d’autres. Celui de l’Insee sur le taux de mortalité infantile en fait partie. En 2024, la France compte 4,1 décès pour 1000 naissances. Autrement dit, un nourrisson sur 250 est mort avant d’atteindre l’âge d’un an. La France affiche un triste score : elle se place ainsi au 23e rang des 27 États de l’Union européenne dans la progression de la mortalité infantile. Une tendance à la hausse depuis plusieurs années : en 2011, le taux de mortalité infantile était de 3,5 décès pour mille naissances.

C’est dans ce contexte inquiétant que les députés ont adopté le 15 mai dernier en première lecture une proposition de loi défendant un moratoire de trois ans sur les fermetures de maternités. Ces fermetures contribuent à la hausse de cette mortalité infantile, précise l’exposé des motifs du texte. On ne peut que se réjouir de cette prise de conscience de la représentation nationale alors que FO alerte depuis des années sur le sujet, indique Gilles Gadier, secrétaire fédéral au sein de la Fédération des services publics et de santé FO (SPS-FO). Il souligne un autre chiffre inquiétant : entre 1975 et 2024, plus de 66% des maternités ont fermé, passant de 1 369 à 457 établissements sur l’ensemble du territoire. Depuis 1998, par des décrets un seuil de 300 naissances par an a été établi pour qu’une maternité maintienne son activité, d’où ce nombre important de fermeture, précise le militant. La Cour des comptes soulignait en 2024 qu’une vingtaine d’établissements dérogeaient à ce seuil minimal au regard d’exigences de qualité et de sécurité des soins.

L’éloignement d’une maternité augmente le risque de mortalité infantile

Dans un communiqué publié le 20 mai, la SPS-FO fustige cette approche des soins et dénonce l’absence de moyens, la politique de fermeture des maternités ainsi que ses multiples conséquences, à la fois sur l’éloignement des populations, l’allongement des délais de prise en charge et sur la mortalité infantile qui augmente en France. Plusieurs travaux scientifiques et journalistiques attestent du lien entre fermetures des maternités et hausse de la mortalité infantile. Dans leur livre Le scandale des accouchements en France, les journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin montrent que le risque de mortalité est deux fois plus élevé lorsque la mère se trouve à plus de 45 minutes d’une maternité. Une hypothèse qui fait débat parmi les soignants. Côté scientifique, les travaux de la chercheuse Béatrice Blondel révèlent que la mortalité néonatale est presque multipliée par quatre quand l’accouchement a lieu hors maternité ou à plus de 45 km de la maternité la plus proche. Or, avec la fermeture de ces établissements, mathématiquement, cela allonge la distance pour se rendre à la maternité, souligne Gilles Gadier. La part des femmes se trouvant à plus de 45 minutes d’une maternité et en âge de procréer aurait progressé de plus de 40 % en 24 ans.

Il faut ouvrir des établissements là où il y en a besoin

Ce lien entre des enjeux de santé publique et la rationalisation à outrance de l’offre de soin, comprenez offre en diminution dans un contexte d’austérité budgétaire, dépasse le cadre des seules maternités. Que dire des fermetures partielles des urgences ? Des fermetures de services dans des hôpitaux de proximité ? Des fermetures de lits partout en France ?, énumère le secrétaire fédéral. Gilles Gadier espère que cette proposition de loi ira plus loin, notamment en donnant des perspectives d’ouvertures de nouvelles maternités. Arrêter de fermer ne solutionnera pas tout : il faut ouvrir des établissements dans les territoires où il y en a besoin, revendique-t-il. S’il espère que cette proposition de loi sera adoptée, il espère aussi qu’elle laisse, par sa préoccupation, une empreinte sur l’ensemble des structures de l’hôpital public. La psychiatrie, la gérontologie … Tous ces secteurs sont en grande difficulté pour répondre aux besoins de la population. Le militant reproche aux décideurs politiques de ne pas avoir anticipé, n’écoutant pas les revendications de FO. Cela fait des années que l’on dit que la population vieillit et qu’il faut dix ans pour former un médecin. On ne nous a pas écoutés et voilà le résultat.

Alors si le militant salue l’existence de cette proposition de loi, la colère demeure. On dit parfois qu’il vaut mieux tard que jamais. Mais là c’est tard, et c’est déjà trop tard pour les enfants qui ont perdu la vie et les familles endeuillées, regrette Gille Gadier. Face à la hausse de la mortalité infantile, il y a urgence.

C’est une des raisons pour lesquelles FO continue de revendiquer le retour à un maillage territorial de l’offre de soin digne de ce nom. Pour répondre aux besoins de la population.

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