Education nationale et enseignement supérieur : une nouvelle dégradation de moyens
Sur l’annulation en 2025 de 3,1 milliards d’euros de crédits budgétaires annoncée par le gouvernement, 95 millions concernent l’Éducation nationale et 500 millions l’enseignement supérieur et la recherche. Un choix qui fait craindre le pire, pour les personnels comme pour les élèves et leurs familles.
L’annulation de crédits budgétaires cette année à hauteur de 3,1 milliards d’euros d’autorisations d’engagement (décret publié le 26 avril), cela dans le cadre de l’effort supplémentaire sur les finances publiques de 5 milliards d’euros en 2025, impacte particulièrement les missions de l’Education nationale ainsi que celles de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR).
Ainsi l’Éducation nationale se voit imposer une annulation de 95 millions d’euros sur un budget initial de 88,6 milliards (cela avec la prise en compte de la contribution aux pensions). Pour l’enseignement supérieur et la recherche, ce sont 500 millions d’euros qui sont annulés sur le budget initial de 26,7 milliards. Plus précisément, ce sont 493,27 millions d’euros en autorisation d’engagement (386,84 en crédit en crédits de paiement) qui disparaissent du périmètre de la mission interministérielle recherche et enseignement supérieur.
Des missions publiques toujours plus impactées
Il nous est difficile d’analyser concrètement les conséquences de ces annulations car c’est extrêmement nébuleux
, indique Christophe Lalande, secrétaire fédéral de la FNEC FP FO qui lors du CSA ministériel du 6 mai a dit tout le mal qu’elle pensait de ces nouvelles privations de moyens…
Le ministère nous a répondu que ces crédits seraient pris dans les fonds de réserve. Or, ces fonds de réserve servent justement lors de crises inattendues, comme on l’a vu à Mayotte.
Une autre partie de ces annulations de crédits impacterait les frais généraux de fonctionnement. Notamment le remboursement des frais de déplacements professionnels des agents. Ce qui est un problème par exemple pour les psychologues de l’Éducation Nationale qui travaillent sur plusieurs établissements.
Dans l’enseignement supérieur public, où la situation est alarmante avec 80 % des universités affichant un déficit fin 2024, ce sont 58 millions d’euros qui disparaissent du programme Formations supérieures et recherche universitaire. Dans la recherche, 199,45 millions d’euros sont supprimés au programme Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires et 94,5 millions au programme Recherche spatiale.
FO demande une enveloppe budgétaire en hausse
De la maternelle au doctorat, ces annulations de budget viennent aggraver des situations budgétaires déjà difficiles. Au final, tant dans l’enseignement scolaire que dans les universités, l’effort budgétaire
menace d’être payé au prix fort. Pour l’Education et l’ESR, le budget 2025 était déjà un budget d’austérité
, souligne Christophe Lalande. Pour rappel, la loi de finances a programmé une baisse des crédits du secteur ESR, soit près d’un milliard d’euros. Dans l’enseignement scolaire, du point de vue des moyens, le compte n’y est pas
, insiste le militant. Si le gouvernement a finalement annulé la suppression de 4 000 postes dans l’éducation, ce sont néanmoins 470 postes qui seront supprimés cette année dans le premier degré, ce qui implique de nombreuses fermetures de classes. Dans le second degré, si 324 postes sont créés, le ministère va utiliser 542 postes pour l’élargissement de la réforme du choc des savoirs en 4e et 3e.
FO déplore également l’absence de création de postes d’infirmière scolaires, de médecins, de psyEN et d’assistants sociaux alors que les besoins sont énormes. Lors du CSA ministériel du 6 mai, le syndicat a exigé l’ouverture de discussions immédiates pour l’augmentation de l’enveloppe budgétaire, tout de suite, pour préparer la rentrée 2025 dans de bonnes conditions
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