Cognac : dans ce secteur en crise, FO en première ligne pour les emplois
Organisant une conférence de presse le 26 mai en Charente sur les terres de production du cognac, la FGTA-FO a rappelé l’importance de mesures pour protéger l’emploi de ce secteur pris dans la tourmente des droits de douane.
On n’est qu’au début de l’histoire. C’est maintenant qu’il faut agir et ne pas attendre que ce soit la catastrophe
, alerte Pascal Saeyvoet, secrétaire fédéral chargé du secteur vins et spiritueux à la FGTA-FO. La fédération, en première ligne pour la défense des emplois dans le secteur du cognac, a organisé une conférence de presse le 26 mai dans les locaux de l’entreprise Remy Martin en Charente. Cette rencontre avec les medias, à laquelle ont participé les délégués FO de l’entreprise ainsi que ceux des sociétés Hennessy et Camus, était initiée par le secrétaire général de la FGTA-FO, Laurent Rescanières et par les secrétaires généraux des UD-FO de Charente et Charente-Maritime, Henri Lalouette et Catherine Savolon.
Dans le secteur du cognac, l’heure est grave avec une crise structurelle et désormais aussi conjoncturelle. Structurelle car la consommation de cognac, comme celle de tous les vins et spiritueux, est en baisse dans le pays. Conjoncturelle car la crise renvoie à la guerre commerciale actuelle sur les taxes douanières.
Au-delà d’un sursis de trois mois obtenu par la France, la Chine menace ainsi toujours de taxer les spiritueux français à 34% à partir de la mi-juillet. Dans ce marché de 1,4 milliard d’euros à l’export pour la France en 2024, le cognac pesait 90%. Le président des USA, Donald Trump, a décidé de son côté de lancer une guerre commerciale tous azimuts via les taxations douanières. Depuis deux mois, il multiplie les annonces de gonflement des taux… Jusqu’à 200% pour les alcools européens ! La taxation des marchandises de l’Union européenne serait plutôt a priori de 20%. Le taux s’appliquerait notamment, à partir de début juillet, aux vins et spiritueux, qui représentaient à l’export un marché total pour la France de près de quatre milliards d’euros l’an dernier. A eux deux, USA et Chine constituent près de 70 % du chiffre d’affaires du secteur
cognac, rappelait le 26 mai avec gravité Laurent Rescanières.
Pour FO, l’État ne peut rester spectateur
Cette situation de crise est donc une menace pour l’emploi, d’ailleurs déjà impacté. Chez Moët-Hennessy (30 % de représentativité pour FO), ce sont 1 200 départs en retraite qui ne seraient pas remplacés, selon les informations obtenues par les délégués syndicaux. Chez Rémy Martin, où FO affiche une audience de 70 %, l’activité partielle mise en place depuis déjà deux mois prévoit l’arrêt de la production une semaine par mois. Au sein de la maison Camus, un PSE a été annoncé concernant un tiers des salariés. Des négociations sont en cours. Pour l’instant, les discussions se passent bien, explique Dominique Gravelle, délégué syndical FO. C’est pourquoi nous n’en dirons pas plus pour le moment.
Plus largement, dans ce secteur qui représente plus de 70 000 emplois, directs ou indirects, FO revendique de la transparence et des négociations équilibrées avec les employeurs. Or, depuis plusieurs semaines, c’est silence radio. Nous ne souhaitons pas entrer dans une certaine radicalité, mais là, la parole donnée n’est pas respectée !
, déplore Laurent Rescanières rappelant que la FGTA-FO a engagé des démarches auprès des pouvoirs publics et des organisations patronales, dont le Conseil National des Vins et Spiritueux, afin de bâtir des solutions concrètes
. Par ailleurs, souligne la fédération, l’État ne peut rester spectateur
.
D’autant moins que la crise dans le secteur du cognac fait redouter de graves conséquences sur l’économie de ces départements producteurs, la Charente et la Charente-Maritime. Le cognac tire notre territoire vers le haut. Il y a beaucoup de sous-traitants qui gravitent autour du secteur, je pense notamment à ceux de l’emballage
, expliquait le 26 mai Henri Lalouette, secrétaire de l’UD FO de la Charente. Disons le simplement : quand le cognac va bien, c’est tout le département qui va bien. À l’inverse, quand le secteur est en crise, celle-ci se ressent sur tout le territoire.
Si pour l’instant, les impacts ne se sont pas encore ressentis, la perte massive d’emplois est au cœur des inquiétudes. Les chiffres risquent bientôt d’exploser
redoute le militant.