Clap de fin pour Primavista, liquidée faute de stratégie porteuse
Malgré des aides publiques conséquentes, l’entreprise de photographie, spécialisée dans les clichés de maternité, a coulé sans que la direction remette en question sa vision du secteur et de ses salariés.
Les lettres de licenciement et les soldes de tout compte ne sont pas encore arrivés, mais les salariés de Primavista savent déjà à quoi ils auront droit : le minimum légal, rien de plus. Début mai, la justice a ordonné la liquidation immédiate de l’entreprise de photographie, connue pour ses clichés de nouveau-nés et de jeunes parents en maternité. On ne peut pas négocier du supralégal, mais j’incite les salariés à prendre le CSP [contrat de sécurisation professionnelle – NDLR] pour pouvoir souffler un peu et monter des projets pendant un an
, expose une déléguée syndicale FO.
C’est un beau gâchis, beaucoup de salariés aimaient leur travail
, poursuit-elle. S’ils savaient que Primavista se portait mal et que les chiffres dégringolaient, les photographes et les commerciaux pensaient avoir un peu plus de temps devant eux avant de fermer boutique. Jusqu’au dernier moment, le président ne s’est jamais remis en question, c’était toujours la faute des salariés
, déplore la déléguée.
Une perte sèche inexpliquée en 2018
Selon l’analyse de la Fédération des employés et cadres (FEC-FO), la première voie d’eau dans le navire date de 2018. Ce que j’ai tout de suite relevé dans les comptes, c’est une chute phénoménale en 2018, que rien ne justifie économiquement sur le marché de la photographie à l’époque, rapporte Carole Prioult, chargée de mission Commerce et VRP à la FEC-FO. On voit une perte sèche de plusieurs millions d’euros, puis le président est révoqué. Que s’est-il passé ?
Après cette séquence équivoque survient la crise du Covid. Ils reçoivent 3,5 millions d’euros d’aides publiques, mais ils replongent derrière
, détaille Carole Prioult. C’est là que la trajectoire de Primavista devient tristement emblématique du destin de nombreux commerces ces derniers temps : La direction ne remet pas en question ses stratégies, elle n’a rien tenté de nouveau
, dénonce Carole Prioult.
Un dernier élément laisse un goût toujours plus amer dans la bouche des salariés : alors que les effectifs chutaient nettement et que les NAO ne décollaient pas, la masse salariale a pour sa part augmenté, ce qui ne manque pas d’interroger, les salariés n’ayant profité de rien.