Chez Stellantis, Brahim Ait Athmane, fervent défenseur de l’industrie
Le métallurgiste de 56 ans, salarié de l’usine automobile Stellantis à Poissy, ne recule pas devant l’innovation pour garantir la pérennité de l’emploi industriel dans le Val-de-Seine.
Un banquet fraternel, à l’image du village gaulois, symbole de résistance
, sourit Brahim Ait Athmane évoquant la récente mobilisation syndicale réussie. Le 15 mai, le secrétaire du syndicat FO Métaux Val-de-Seine, par ailleurs secrétaire adjoint de la section syndicale de Stellantis à Poissy (Yvelines), a réuni en effet plusieurs centaines de salariés du secteur industriel en présence des élus locaux. Objectif : favoriser une mobilisation générale pour la défense de l’industrie
, dont la crise actuelle menace de nombreux emplois.
Pour autant, Brahim Ait Athmane se garde bien d’être alarmiste
. Alors que des rumeurs de fermeture de l’usine du constructeur automobile se sont propagées, le militant tient à calmer le jeu. Les salariés ont besoin d’un climat serein pour pouvoir se projeter dans l’avenir. Sur les sites industriels, on a besoin d’une certaine stabilité sociale, sans quoi : pas d’attribution de véhicules à fabriquer.
La voiture actuellement produite à Poissy, l’Opel Mokka, devra bientôt trouver une successeure.
Mais fidèle aux valeurs de FO et à la défense de la fiche de paie
, Brahim Ait Athmane est loin d’être arc-bouté sur la production de véhicules. Arrivé chez Stellantis par accident
en 1988, le militant a ses priorités en ordre. Le monde de l’automobile, c’est ce qui permet de faire bouillir la marmite. Mais ce qui me motive, c’est la défense des salariés.
Pour peu que l’emploi industriel soit pérennisé, l’activité importe peu : Si demain il faut fabriquer des ballons ou des avions, on le fera. La voiture, ce n’est pas une fin en soi. Simplement, chacun doit pouvoir nourrir sa famille : le pain et la paix !
Le site de Poissy, un phénix qui renaît de ses cendres
Tombé dans la marmite du syndicalisme, comme Obélix
, lorsqu’il était jeune salarié, le quinquagénaire doit son engagement à un militant FO qui lui a tendu la main. Il avait vu des choses en moi que je n’avais pas vues, il m’a incité à militer aussi, sur la base des valeurs du syndicalisme réformiste et du dialogue social.
Brahim Ait Athmane les applique encore aujourd’hui chez Stellantis – FO y est l’organisation majoritaire –qui emploie 2 600 personnes à Poissy.
Le 20 mai, la direction a annoncé travailler sur différents axes de diversification de l’activité du site industriel historique, très étendu. Le démantèlement d’anciens véhicules et la production de pièces de rechange sont envisagés. Le constructeur a également annoncé être en discussion avec le club de football Paris-Saint-Germain, qui cherche des parcelles de terrain pour y construire un nouveau stade. Depuis qu’il est né, le site de Poissy a toujours connu des transformations, rappelle Brahim Ait Athmane. La première chose qu’il a prise sur la tête, c’est une bombe allemande : il a été quasi rasé ! C’est un phénix qui renaît de ses cendres quoi qu’il arrive.
Crise industrielle ou non, le militant ne renonce pas à négocier de nouveaux acquis sociaux. Les NAO des dernières années ont été honnêtes sans être pleinement satisfaisantes. Aujourd’hui, on arrive à maintenir le pouvoir d’achat des salariés, mais on souhaiterait en gagner.
Autre combat à venir : l’obtention de nouvelles embauches pour compenser les suppressions de postes des derniers temps, qui ont entraîné une surcharge de travail. Il faut permettre aux uns et aux autres de trouver un juste équilibre, et celui-ci passe par une triangulaire : que les salariés, l’entreprise et le syndicat y trouvent leur compte.