Bruno Grenier, des services funéraires : J’ai plongé dans le syndicalisme car je m’y suis retrouvé.

Bruno Grenier, 54 ans, est secrétaire général de l’Union nationale des services funéraires UNSF-FO. Depuis sa prise de fonction en 2010, il a mené un travail de terrain acharné avec son équipe pour faire passer FO de la quatrième à la première place en termes de représentativité dans la branche.

A près quatre ans d’études de droit et un long service militaire dans les rangs de la gendarmerie, Bruno Grenier s’est retrouvé sur le marché du travail. On était au début des années 1990, une période de fort chômage. J’avais fait de belles études, mais très générales. Pour remplir l’assiette, dans l’attente de trouver mieux, j’ai pris ce que je trouvais, déménageur, cariste puis porteur de cercueil pour une petite entreprise de pompes funèbres près de Clermont-Ferrand, explique-t-il. Et là, le jeune homme découvre un vrai monde avec différents métiers, de la réception des familles aux services administratifs et juridiques. On était loin de la caricature du croque-mort avec un vautour sur l’épaule, comme dans Lucky Luke, s’amuse-t-il.

Grâce à ses études, il évolue rapidement, jusqu’à occuper un poste administratif. C’est par le biais de son chef de bureau, représentant syndical, qu’il découvre FO, en 2009. Il était resté très discret sur ses activités. Ce n’est qu’après m’avoir longuement observé travailler qu’il m’a expliqué être le secrétaire général de l’UNSF-FO. Il était à deux ans de la retraite et voyait en moi son successeur potentiel. Pour moi, le syndicalisme était un monde nébuleux, poursuit le militant, prêt malgré tout à relever le défi.

D’abord adjoint au représentant syndical, il est élu secrétaire général de l’UNSF-FO en 2010, à l’unanimité.

À l’époque, FO était la dernière organisation syndicale de la branche, à la limite de perdre sa représentativité.  On n’avait aucun moyen. Et on a encore perdu des points aux élections. Alors on est repartis de zéro. On s’est fait une liste d’objectifs avec des points de contact, et on a pris nos bâtons de pèlerins, explique Bruno Grenier. Au fil du temps, les rangs du syndicat se sont étoffés et une solide équipe s’est créée.

40 000 km à moto par an

Quinze ans d’un intense travail de terrain ont payé. En juillet dernier, l’UNSF-FO s’est hissée à la première place en termes de représentativité, avec un poids de 22 %. La branche regroupe 4 000 entreprises dont 90 % ont moins de dix salariés, 10 % sont des entreprises régionales ou interrégionales de quelques centaines de salariés et deux groupes comptent à eux seuls 9 000 salariés. Chaque année, le militant parcourt 40 000 kilomètres à moto, le tour de la planète, pour ses déplacements syndicaux. Dès qu’on dépose des listes, on a des élus, il faut être présent partout, ajoute-t-il. Bruno Grenier siège également depuis deux ans à la Fédération syndicale européenne des services publics, à Bruxelles.

 J’ai plongé dans le syndicalisme car je m’y suis retrouvé. C’est en lien avec mon ADN, mon éducation et mon état d’esprit. J’y vois aussi un lien avec mes études de droit, car je voulais être avocat. Je suis un fervent défenseur de tous les droits de ceux qui ne peuvent pas se défendre car ils n’en ont pas les moyens, explique le militant.

Un gros travail est actuellement mené sur la mise à jour de la convention collective des métiers du funéraire, qui couvre les 20 000 travailleurs de la branche, dont 18 000 sont salariés du privé et 2 000 des agents territoriaux. La requalification des fiches métiers et l’adaptation des grilles de salaire viennent de s’achever. Ça nous a pris deux ans. On a travaillé poste par poste. On a parfois dû forcer la main des patrons, mais on tire tout le monde vers le haut, c’est la négociation dont je suis le plus fier, se félicite Bruno Grenier.

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