Automobile : près de la moitié des emplois supprimés chez MMT-B Blanquefort
MMT-B, fabricant bordelais de boîtes de vitesses manuelles, a annoncé le 13 mars la suppression de 197 emplois sur 422, en invoquant la baisse significative de commandes de la part de Ford, son client historique. FO appelle les pouvoirs publics à prendre rapidement des mesures pour préserver l’emploi. Ce site, ancien fleuron de l’industrie automobile dans la région, a employé jusqu’à 3 600 personnes à la fin des années 1990.
C’est violent pour les salariés, c’est un drame social réagit Régis Labasse, secrétaire FO du CSE de MMT-B. Le 13 mars, l’équipementier automobile implanté à Blanquefort, dans la banlieue de Bordeaux, a annoncé en CSE extraordinaire la suppression pour motif économique de 197 postes sur 422 d’ici fin 2025.
C’est très dur. La moyenne d’âge des salariés est de 47 ans mais deux populations se côtoient. Il y a d’un côté les nouveaux, embauchés depuis 2017, qui vont aller chercher du travail ailleurs. Et de l’autre les anciens de chez Ford, qui peuvent avoir 35 ou 40 ans d’ancienneté. Ce ne sera pas facile de retrouver un emploi. Nous allons faire au mieux pour que les salariés partent dans les meilleures conditions, assure le délégué FO.
Les négociations du plan de sauvegarde de l’emploi ont démarré ce 20 mars, pour s’achever le 26 juin. Dans un premier temps, les départs se feront sur la base du volontariat, avec un plan ouvert du 1er juillet au 30 septembre. Il sera suivi d’une phase de reclassement interne au sein du groupe Ferral United, auquel MMT-B appartient. A l’issue de cette période, les licenciements secs pour motif économique seront notifiés.
De 500 000 à 30 000 pièces fabriquées par an
L’entreprise, installée sur l’ancien site Ford de Blanquefort, fabrique des boîtes de vitesse manuelles pour voitures thermiques. La direction justifie la mise en œuvre du plan social par une forte baisse de commandes de la part du constructeur américain, son principal client depuis des décennies, et avec qui le contrat s’arrêtera fin 2026, voire fin 2027.
On a fabriqué jusqu’à 1 800 transmissions par jour, 500 000 par an. Les prévisions pour 2025 portent sur 70 000 pièces. Et si le contrat avec Ford se prolonge jusqu’en 2027, on parle de 30 000 transmissions à l’année, poursuit Régis Labasse. Les salariés, s’ils ont bien conscience de la crise de la filière automobile et de la baisse des ventes des véhicules thermiques, ne s’attendaient pas à une telle chute de volumes, aussi rapidement.
Le site, qui a connu son heure de gloire du temps de Ford, est l’ancien fleuron de l’industrie automobile dans la région. Il a employé jusqu’à 3 600 salariés dans deux usines jumelles, à la fin des années 1990. La première, Ford Aquitaine Industries (FAI), spécialisée dans les boîtes automatiques, a fermé en 2019, avec 850 licenciements à la clé. La seconde, propriété de l’Allemand Getrag, était spécialisée dans les boîtes manuelles. Elle a été rachetée en 2021 par l’équipementier canadien Magna, puis en mars 2023 par le fonds d’investissement allemand Mutares. Lors de ce dernier rachat, elle comptait encore près de 700 salariés.
Sortir de la logique « monoclient / monoproduit »
L’une des orientations stratégiques affichées par Mutares a été de diversifier la production, pour sortir de la logique « monoclient/monoproduit ». De nouveaux marchés ont bien été trouvés, comme la fabrication de bornes de recharge pour véhicules électriques ou de robot-tondeuses. L’activité a été diversifiée avec des start-up, ce n’est pas suffisant, ça ne donne du travail qu’à quelques personnes, alors que nous avons une surface de production de 60 000 m², dénonce le militant. Il existe d’autres pistes avec les constructeurs BMW et Mercedes, mais ces projets n’ont pas encore été pleinement développés selon FO.
Le syndicat, avec la fédération FO Métaux et l’union départementale, appellent les pouvoirs publics à prendre conscience de l’urgence de la situation pour le secteur industriel et à agir rapidement pour protéger les emplois à MMT-B. Ils rappellent que l’entreprise a bénéficié d’aides publiques.
On a un outil de production qui fonctionne, des machines et des opérateurs qualifiés. On peut trouver des clients français, ou dans l’aéronautique pour ne pas tout laisser tomber, expliquait Régis Labasse à l’AFP le 13 mars.
L’intersyndicale est sur la même ligne. Le militant, au nom du CSE dont il est le secrétaire, a écrit en ce sens au président de la République, au ministre de l’Industrie et à la députée de la circonscription. J’espère que des mesures pourront être mises en œuvre pour soutenir les employés de MMT-B et encourager une transition bénéfique pour toutes les parties prenantes, a-t-il ainsi écrit à Emmanuel Macron le 16 mars.