Assurance chômage : les comptes dans le rouge du fait des ponctions de l’État

L’Unedic a actualisé, le 12 juin, les prévisions financières de l’Assurance chômage à l’horizon 2027. L’organisme paritaire table désormais sur un déficit en 2025 et 2026, en raison notamment des 12 milliards d’euros prélevés unilatéralement par l’État entre 2023 et 2026. Cette situation, qui empêche le régime de se désendetter, fragilise sa capacité à servir d’amortisseur économique et social en cas de crise.

Un déficit de 300 millions d’euros en 2025 et de 400 millions en 2026… Telles sont les prévisions financières dévoilées le 12 juin par l’Unedic, l’organisme paritaire gestionnaire de l’Assurance chômage, qui se montre moins optimiste qu’en février dernier, où il anticipait un solde positif de 200 millions d’euros en 2026.

Malgré la poursuite des destructions d’emploi en 2025 (-91 000), l’organisme prévoit une baisse du nombre de chômeurs indemnisés, du fait de la montée en charge des réformes imposées par l’État, et qui ont réduit les droits des demandeurs d’emploi.

Au-delà du contexte économique incertain et d’un ralentissement de l’activité économique (+0,6% en 2025, +0.9% en 2026), l’Unedic met en avant des recettes considérablement amputées par des décisions exogènes.

L’organisme pointe en premier lieu les 12,05 milliards d’euros ponctionnés unilatéralement par l’État entre 2023 et 2026 pour financer France Travail et France Compétences. S’y ajoutent un milliard d’euros de charges d’intérêts supplémentaires, le régime ayant été dans l’obligation d’emprunter sur le marché à des taux élevés pour faire face à ces prélèvements.

Les recettes de l’Assurance chômage doivent aussi supporter une perte de CSG liée aux évolutions de l’assiette des travailleurs indépendants (800 millions d’euros en 2026 et 400 millions d’euros les années suivantes). Par ailleurs, la contribution employeur a baissé de 0.05 point depuis le 1er mai 2025.

Pas de fonds de réserve

Sans ces décisions, le solde aurait été excédentaire de 3,2 milliards d’euros en 2025, puis de 4,7 milliards d’euros en 2026, explique l’Unedic. Cette situation fragilise la capacité de désendettement du régime dont la dette devrait atteindre 59.8 milliards d’euros en 2025. Ce montant comprend la dette covid de 18,1 milliards d’euros, liée aux mesures d’urgence prises par l’État durant la crise sanitaire, et dont les premières échéances de remboursement sont prévues en 2026.

Or, pour que l’Assurance chômage puisse pleinement remplir son rôle d’amortisseur économique et social en cas de périodes défavorables, le désendettement du régime est indispensable lorsque la conjoncture le permet, prévient l’Unedic. Sa capacité d’absorption d’une nouvelle crise se trouve ainsi fragilisée. Aujourd’hui, en cas de crise, l’Unédic ne pourra faire face qu’en ayant recours à l’emprunt à des taux élevés. Cette situation est effectivement due aux ponctions de l’État mais elle relève aussi de la responsabilité des employeurs qui ont refusé, à une époque où l’Assurance chômage avait des réserves, de créer un fonds de réserves comme à l’Agirc-Arrco, et préféré baisser les cotisations patronales, dénonce Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO chargé de l’emploi, qui souligne par ailleurs que la gestion du régime n’est pas prise en défaut.

En janvier dernier, le président et la vice-présidente de l’Unedic avaient interpelé par courrier le Premier ministre sur la situation financière du régime, regrettant que l’Assurance chômage soit devenue une forme de variable d’ajustement pour les budgets de l’État. Ils comptent désormais rencontrer les ministres concernés.

Pour 2027, sans nouvelle ponction de l’État sur les comptes du régime, le solde serait positif de 5,3 milliards d’euros.

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