Après son rachat par un fonds d’investissement, Petit Bateau prêt pour la relance

Le groupe américain Regent, qui a déjà acquis la marque de sous-vêtements Dim, s’est porté acquéreur de l’entreprise de prêt-à-porter pour enfants Petit Bateau. Les emplois de l’usine troyenne devraient être maintenus, et les perspectives de développement à l’international donnent de l’espoir aux représentants FO.

Dans l’océan de catastrophes touchant le secteur du prêt-à-porter depuis 5 ans, surnagent quelques bonnes nouvelles. En cette rentrée 2025, les salariés de Petit Bateau, fleuron du textile français pour enfants, ont vu leur savoir-faire et la valeur de leur marque reconnus lors d’un rachat que les représentants FO jugent à ce jour avantageux. Le fonds d’investissement américain Regent s’est porté acquéreur de l’entreprise et entend poursuivre sa relance, en maintenant son activité à Troyes (Aube). Une nouvelle qui met fin à huit mois d’incertitude, après l’annonce de la mise en vente de Petit Bateau par le groupe Yves Rocher en janvier.

Dans un premier temps, je me disais : il ne nous faut pas un fonds d’investissement chinois ou américain, car ils viennent pour revendre juste après, raconte Éric Finck, délégué FO employé sur le site logistique de Petit Bateau, à Buchères (Aube). Regent, c’est un fonds familial qui rachète pour du pérenne, acquiesce Stéphanie Peyrouse, secrétaire général de l’union départementale FO de l’Aube. Presque agréablement surpris par le profil du repreneur, Éric Finck est sorti de la réunion de présentation assez confiant. En 2022, Regent a en effet déjà acquis la marque de sous-vêtements Dim, qui est en cours de relance.

Vers une plus grande ouverture à l’international

C’est toujours un peu décevant qu’une marque française soit rachetée par un groupe américain, poursuit Stéphanie Peyrouse. Mais le réalisme doit l’emporter : Il n’y a pas énormément d’acteurs en France avec la trésorerie suffisante dans le secteur. Si le groupe Regent a déjà annoncé ses ambitions de développement de la marque Petit Bateau à l’international, des questions demeurent sur l’impact de la politique de taxes douanières du président Donald Trump.

Pour les salariés les plus anciens, cet épisode en rappelle un autre. En 1988, le groupe Yves Rocher a racheté Petit Bateau, rappelle Éric Finck. Les salariés avaient alors peur que ce soit vite revendu. Mais ils ont su faire évoluer la marque. Moyennant la création d’usines au Maroc et en Tunisie, en parallèle de la délocalisation de la production. Pour le délégué FO, Petit Bateau et son ancien propriétaire se quittent tout de même plutôt bons amis. Il y a eu des hauts et des bas, bien sûr, mais enfin on est toujours sur le marché. C’est rassurant, on se dit qu’on a un petit truc en plus. Stéphanie Peyrouse abonde dans ce sens : Après le rachat par Yves Rocher, on avait tous la crainte que Petit Bateau ferme petit à petit, mais le groupe s’est donné les moyens de vendre une entreprise avec les reins solides.

Une année 2024 en pente ascendante

Comme l’immense majorité des entreprises de prêt-à-porter, Petit Bateau s’est trouvé en difficulté ces dernières années. Des magasins ont été fermés, les effectifs réduits. Mais en 2024, les ventes ont été redressées jusqu’à atteindre un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros. La marque emploie encore 2 300 personnes dans le monde, dont 1 400 en France. Selon les informations données par le groupe Regent, il n’y a pas lieu de craindre des suppressions d’emplois à Troyes dans l’immédiat. Mais on ne sait pas à quelle sauce on sera mangé dans quelques années, précise Stéphanie Peyrouse.

Pour assurer la pérennité de l’activité, la marque pourra en tout cas compter sur son savoir-faire troyen. Si la secrétaire générale de l’UD émet quelques doutes concernant la pérennité à moyen terme du site logistique de Buchères, plus facilement délocalisable, l’usine de confection – fondée en 1893 – bénéficie quant à elle de sa réputation. En 2023, elle a obtenu le label « Entreprise du patrimoine vivant », qui récompense la détention d’un savoir-faire rare, d’un patrimoine économique spécial et d’une démarche environnementale.

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