AP-HP : la coupe est pleine pour les hospitaliers

Les annonces gouvernementales de l’été, ainsi les économies sur les dépenses publiques projetées pour 2026 par le désormais ex-Premier ministre, François Bayrou, ou encore les projets de décrets sur le doublement des franchises médicales ont mis le feu aux poudres chez les personnels, réunis par l’intersyndicale de l’AP-HP.

Quelques 150 participants étaient donc présents à la Bourse du travail de Paris ce 5 septembre pour rapporter les positions de leurs adhérents. Ils représentaient les établissements de Broca, Saint-Louis, Lariboisière, l’Hôtel-Dieu, Cochin, Beaujon, Louis Mourier, Saint-Antoine, Tenon, Bichat, Bicêtre, René Muret, Avicenne, Raymond Poincaré, Sainte-Perrine, Henri Mondor, Necker, Pitié-Salpêtrière, Rothschild, Georges Pompidou, Paul Brousse, Georges Clémenceau, Albert Chenevier… Onze AG intersyndicales ont déjà été organisées dans les établissements. Certaines ayant accueilli jusqu’au à 120 participants.

Une AG très suivie

Dès aujourd’hui, si votre base le souhaite vous (les syndicats, ndlr) pouvez tous faire grève a déclaré Jean-Emmanuel Cabo, secrétaire général FO AP-HP lors de l’assemblée générale intersyndicale de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Un préavis de grève illimité a été déposé par l’intersyndicale de l’AP-HP et par chacune des cinq organisations présentes afin de couvrir les personnels qui s’engageraient dans des débrayages en protestation contre les économies jusque-là projetées concernant le secteur de la santé. L’assemblée a adopté une motion afin de constituer un comité d’organisation de la grève à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Le retrait de toutes les réunions institutionnelles a également été acté : En dehors des conseils de discipline et des réunions concernant les dangers imminents, les contentieux autour des arrêts ou des accidents de travail, les syndicats ne siègeront plus en CSE central, au conseil de surveillance, à la F3SCT.

Des personnels sous pression

Les collègues n’en peuvent plus de la mobilité forcée, de la flexibilité, des plannings imposés, des accidents de travail (…) qui ne sont pas reconnus… La liste est longue. Et maintenant nous apprenons que le directeur général veut s’attaquer aux primes, alors que tout le monde sait que l’on ne gagne pas assez (…). On ne veut pas des coupes budgétaires de 44 milliards, dont 5 pour la santé, précise également la motion.

C’est arrivé alors que les soignants n’ont pu prendre, en moyenne, que quatorze jours de congés cet été, alors qu’ils ont le droit à trois semaines, ont expliqué les membres de l’intersyndicale. Alors annoncer la suppression de deux jours de congés et la monétisation de la cinquième semaine, c’était trop, les collègues ont appelé leur syndicat pour dire qu’il faut faire quelque-chose.

Sadi Benchérif, délégué syndical FO à l’hôpital Rothschild a encouragé la mobilisation : On n’a pas d’autre choix que de se mettre ensemble pour pouvoir empêcher la casse de nos hôpitaux, la révision de nos statuts, tout ce qui ne nous plaît pas. De son côté, sa collègue, en poste au siège de l’AP-HP, Pascale Muller-Burier, déléguée FO au CSE central félicitait les participants pour leur présence : Il y a du monde aujourd’hui et c’est très encourageant. Je retrouve des réunions comme j’en ai connu il y a dix, quinze, vingt ans.

Plusieurs agents et salariés ont tenu à témoigner. Les collègues viennent travailler avec la peur au ventre qu’il se passe quelque-chose de préjudiciable au patient parce qu’ils sont en sous-effectif ou sous pression, raconte l’un. Un nouvel adhérent et militant FO, issu du secteur privé et travaillant désormais au sein de l’administration de l’AP-HP explique : J’ai derrière moi une longue carrière dans le privé. Pendant quinze ans, j’ai eu à gérer des situations de crise, j’ai travaillé à l’international, eu affaire à des actionnaires directs. J’étais à des années lumières d’imaginer la maltraitance que je vois au sein de l’AP. Sans parler du déficit managérial. Vincent Martin, secrétaire général adjoint FO AP-HP, rapporte également des pressions sur les salariés en arrêt de travail. On voit de plus des directions des ressources humaines qui déclenchent un contrôle par médecin agréé.

Des idées d’action

Dans l’assemblée, des militants ont appelé à organiser des actions, évoquant plusieurs dates. Certains ont suggéré un rassemblement le 4 octobre, date anniversaire de la première ordonnance (4 octobre 1945) créant la Sécurité sociale. Des propositions ont fusé : rendons les parkings gratuits, opération cantine gratuite pour tous les collègues

La Fédération FO des personnels des services publics et des services de santé (FO-SPSS) a apporté son soutien plein et entier aux personnels de l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris, à leurs syndicats FO et à toutes les organisations syndicales qui se mobilisent. Nous n’acceptons ni les sacrifices imposés aux agents, ni le mépris du gouvernement et de la ministre de la Santé, qui préfèrent parler de contraintes d’un temps de guerre plutôt que de répondre aux revendications des hospitaliers. Une déclaration antérieure au 8 septembre, date de la chute du gouvernement de François Bayrou, mais qui peut encore hélas résonner prochainement.

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