Comme un devoir de mémoire

Les contemplées, Pauline Hillier. Éditions La Manufacture des livres – 180 pages, 18,90 euros

Parfois, la vie met sur notre chemin une épreuve qui nous transforme et remet en cause nos certitudes. Se retrouver, jeune française sans histoire, dans une prison pour femmes en Tunisie : en voilà un exemple.

Dans ce récit autobiographique mais aux souvenirs peut-être romancés assumés, l’auteure nous plonge dans le grand bain sans préalable. On se retrouve immédiatement immergé dans ce monde inconnu, sans en connaître les tenants et les aboutissants, comme elle les codes, la langue, le demain. On sent la vie qui lui échappe comme le sable dans la main, sa liberté qu’elle perd.

L’écriture accentue ce sentiment et nous met au diapason des impressions et des émotions de la narratrice : phrases courtes qui s’enchaînent, langage imagé, instantanés de scène de vie aux détails sans fard.

Pour survivre, il faut s’adapter, et peu à peu elle va s’intégrer dans cette nouvelle réalité et en découvrir la face cachée, parfois lumineuse.

Son exemplaire des Contemplations de Victor Hugo est le rare lien qui la rattache au monde du dehors, au monde d’avant et qui, au-delà d’une évasion par l’esprit, lui permet, comme sur un palimpseste, de graver le quotidien afin d’ancrer quelque chose qui la dépasse.

C’est une histoire de résilience : ce drame dépassé la rend plus forte, la révèle à elle-même en devenant la narratrice de la vie des autres, les invisibles qu’il ne faut pas oublier.

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