Leïla Frachon : Avec FO, j’ai appris que l’employeur n’avait pas tous les pouvoirs

Leïla Frachon, 27 ans, vient d’être embauchée par la Confédération des syndicats des travailleurs de Calédonie (CSTC FO) pour venir en renfort sur la communication et développer l’organisation auprès des jeunes. Son entrée dans la vie active a été fortement impactée par la crise qui a éclaté en mai 2024 dans l’archipel du Pacifique Sud.

À peine quelques semaines après avoir adhéré à la CSTC FO, en mai dernier, Leïla Frachon, 27 ans, a été embauchée par la structure FO de Nouvelle-Calédonie. Ce recrutement, survenu en pleine crise politique et économique sur le territoire ultramarin, rassérène la jeune femme.

Après des études d’économie et gestion, Leïla avait pour projet de monter un élevage d’insectes pour fabriquer des farines animales. Mais ces insectes n’existaient pas sur l’île, et il était impossible de les importer pour des questions sanitaires, explique-t-elle. Elle postule alors dans une banque, pour un remplacement de congé sabbatique. Mais cette première expérience professionnelle se passe mal. Victime de harcèlement, elle demande son licenciement.

Elle trouve ensuite un emploi dans un restaurant de Nouméa, au service communication et événementiel. Un an plus tard, en 2023, elle reprend des études pour obtenir un master, avec une spécialisation en marketing et communication. La deuxième année, en alternance dans une banque, se passe bien jusqu’aux événements de mai 2024. À cette date, un projet d’élargissement du corps électoral de l’archipel engendre des émeutes et plonge le territoire dans une grave crise politique, économique et sociale. Au total, huit cents entreprises sont détruites et 20 000 personnes se retrouvent au chômage, selon la Chambre de commerce et d’industrie de Nouvelle-Calédonie.

La jeune femme obtient son diplôme, mais elle n’est pas embauchée par la banque qui a réduit de moitié son service communication. J’étais une jeune diplômée sans travail, et désespérée par la situation économique de la Nouvelle-Calédonie, toujours instable. Mes parents, entrepreneurs, étaient rentrés en métropole après six mois sans activité, mais moi je voulais rester, j’ai ma vie là-bas, poursuit Leïla, née à Nouméa.

Toutes les valeurs auxquelles j’adhère

Elle retrouve un emploi à mi-temps au restaurant. Mais au bout d’un mois, la gérance change et le nouveau responsable, qui souhaite faire appel à une agence de communication, lui propose une rupture conventionnelle. La procédure n’est pas formalisée mais la jeune femme est mise au placard.

Avant le changement de gérance, l’adjoint, adhérent FO, avait senti le vent tourner et il avait conseillé à tous les salariés de se syndiquer. J’ai retrouvé à FO toutes les valeurs auxquelles j’adhère, poursuit Leïla.

Elle prend sa carte en février 2025 et enchaîne sur un stage découverte. Le secrétaire de la CSTC FO lui propose alors un contrat à mi-temps pour compléter son premier mi-temps au restaurant. En matière de communication, elle est chargée de lancer le site Internet de la CSTC FO, de relancer le magazine et d’alimenter les réseaux sociaux. L’autre volet de sa mission est le développement syndical auprès des jeunes.

 L’une des problématiques de la jeunesse calédonienne est de garder son emploi et de connaître ses droits. Je vais pouvoir partager mon expérience. Avec FO, j’ai découvert que l’employeur n’avait pas tous les pouvoirs. Dans mon premier emploi, j’ai subi du harcèlement moral et j’ai démissionné. Aujourd’hui, je ne me laisserai plus faire. Je vais également refuser la rupture conventionnelle, poursuit Leïla.

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