Exide Technologies : après le choc, le temps de la négociation

Après l’annonce de la fermeture de l’usine lilloise de batteries Exide Technologies, la négociation d’un PSE va commencer. Pour FO qui a dénoncé un désastre industriel et humain, la direction devra mettre les moyens à la hauteur.

Usine centenaire située à Lille et employant 206 salariés, Exide Technologies va fermer ses portes. Rachid Ljabli, délégué syndical FO de ce site de fabrication de batteries industrielles, l’a appris le 18 juin en recevant de la direction les documents préparatoires à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Nous nous attendions à un dialogue en vue d’une réduction des effectifs, comme cela était déjà arrivé auparavant, mais pas à la fermeture de l’usine, témoigne-t-il.

Concurrence d’une usine sœur

Exide Technologies, qui emploie 500 salariés en France, explique sa décision par l’attrition du marché et la surcapacité de l’industrie des batteries industrielles de traction. Le site lillois fabrique des batteries plomb-acide pour, par exemple, des engins élévateurs, des véhicules aéroportuaires et même des sous-marins. Rachid Ljabli décrit une situation un peu plus compliquée. L’usine Exide d’Espagne siphonne l’activité de celles de Lille et d’Allemagne en pratiquant un dumping salarial, explique-t-il. Dans le marché très concurrentiel de la batterie au plomb, la compétitivité se joue en effet sur les salaires.

Sous-investissement

Les batteries au lithium, plus porteuses, sont produites dans l’usine polonaise, alors que destinées au marché français, regrette le délégué FO. Malgré les demandes réitérées des syndicats, FO en tête, la direction a toujours refusé de confier la production de ces batteries au site lillois. La direction n’a pas investi et a laissé l’activité mourir, conclut le militant. L’usine est peut-être en surcapacité, mais c’est la direction qui a créé la situation, analyse Éric Keller, secrétaire fédéral FO Métaux en charge, notamment, du secteur électrique et électronique.

En cas de fermeture d’un de ses établissements, toute grande entreprise à l’obligation de chercher un repreneur. Rachid Ljabli doute fort du résultat. Qui sera intéressé pour reprendre un site pollué au plomb, inséré dans le tissu urbain, dont la logistique sera compliquée par la construction d’un tramway, et dont la moitié des salariés a plus de 50 ans ?, interroge-t-il.

Un site très syndiqué et très mobilisé

Sans repreneur, reste le PSE. FO, majoritaire, va donc tenter d’obtenir le meilleur possible, explique Rachid Ljabli. C’est à dire un congé de reclassement long et des indemnités de licenciements supra-légales. Le militant se montre optimiste quant à l’obtention de telles mesures du fait d’un site « fortement syndiqué », et où les salariés sont mobilisés. Le 26 juin, quasiment toute l’usine a marché en direction de l’hôtel de ville de Lille, où le maire a reçu une délégation. Nous lui avons demandé de faire pression sur l’employeur pour qu’il mette les moyens à la hauteur, rapporte le délégué FO.

L’accès à un conseil en reclassement.

Les syndicats vont donc négocier un PSE. Ils disposent légalement de trois mois. Dans un premier temps, FO a refusé de démarrer la négociation faisant état d’un point de blocage. La direction voulait en effet que les salariés restent chez eux tandis que les syndicats revendiquaient au contraire une prime de reprise d’activité de 400 euros. Au-delà de la somme qu’elle représente, cette prime permettra d’améliorer l’indemnité de licenciement et les allocations chômage, explique Rachid Ljabli. Le 2 juillet, les salariés ont obtenu que la direction leur verse une prime mensuelle de 350 euros. Par ailleurs, ils ont obtenu aussi d’avoir accès à un conseil en reclassement.

Le parcours de recherche d’emploi commence

Les salariés vont donc pouvoir dès à présent entamer leur recherche d’un nouvel emploi. La région constituant un début de « vallée des batteries », compte plusieurs usines dans ce secteur d’activité. Des entreprises ont du mal à recruter ; les salariés d’Exide ont des compétences, constate Éric Keller. Il y a des opportunités, mais il faut être mobile, indique de son côté Rachid Ljabli. Ce qui ne sera pas forcément aisé pour tous les salariés.

FO qui demandera des indemnités de licenciement supra-légales compte prendre pour référence les PSE qu’Exide a déjà menés il y a quelques années, dont l’un prévoyait des indemnités de 55 000 euros à 90 000 euros. La direction doit faire ses propositions d’ici mi-juillet.

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