Accès à la culture : moins de musées mais plus de musique

L es Français visitent de moins en moins musées et expositions. Et ceci depuis la fin des années 1990. Ainsi, 40 % d’entre eux avaient visité un musée ou une exposition en 1997 contre 33 % en 2018. La raison la plus fréquemment citée réside d’abord dans le manque d’intérêt pour ces lieux (26 % des personnes interrogées selon l’Insee). Cependant, employés et ouvriers (8,9 % et 9,8 %) citent plus souvent que la moyenne de la population (6,3 %) l’obstacle financier comme explication. Autres paramètres à prendre en compte dans la fréquentation, ou pas, de lieux culturels et qui font l’objet depuis des années de travaux de chercheurs et de rapports : l’origine familiale, l’éducation, les lieux de vie ou encore la problématique de la mobilité.

Cette baisse de fréquentation des musées concerne tous les milieux sociaux. Mais les cadres étaient encore 62 % à avoir visité au moins un musée ou une exposition en 2018 (ils étaient 80 % en 1988), contre 18 % des employés et ouvriers. Le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités souligne surtout que les musées français demeurent particulièrement élitistes. En 2018, 9 % des non-diplômés sont allés au musée ou voir une exposition au moins une fois contre 52 % des diplômés de l’enseignement supérieur.

L’essor de l’écoute musicale grâce au numérique

Cette différence d’accès aux pratiques culturelles se retrouve dans d’autres activités. Les données les plus récentes de l’Insee montrent ainsi que les cadres sont 64 % à avoir fréquenté le cinéma au moins une fois en 2022, contre 30 % des ouvriers et 43 % des employés. Pour le Centre d’observation de la société, la fréquentation des concerts est également davantage l’apanage des cadres (29 % ont assisté à un concert au moins une fois en 2018) que celui des employés et ouvriers (8 %). Quant au théâtre, il séduit encore deux fois plus les cadres (16 % y sont allés en 2018) que les employés et ouvriers (7 %).

En revanche, selon les données du ministère de la Culture (enquête sur les pratiques culturelles 1973-2018), l’écoute musicale s’est, elle, largement diffusée dans la population et les écarts entre catégories sociales ou niveaux de diplômes se sont considérablement réduits. Alors que les cadres étaient 1,5 % fois plus nombreux que les employés et ouvriers à écouter quotidiennement de la musique en 1973, en 2018 l’écart s’est totalement comblé. Et alors que les diplômés de l’enseignement supérieur étaient trois fois plus nombreux que les détenteurs d’un certificat d’études primaires ou les personnes sans diplôme à déclarer cette pratique en 1973, ils ne sont plus que 1,8 fois plus nombreux. Conséquence notable de la diffusion des technologies numériques.