Guide pratique 2025 – Formation professionnelle
De l’éducation ouvrière à la sécurisation des parcours professionnels : une évolution historique et une décision politique.
C’est ainsi que nous pourrions résumer, trop simplement, l’histoire de la Formation professionnelle. Cette question du rapport de l’individu au travail a toujours été au cœur des luttes entre le patronat et les organisations syndicales.
Historiquement, la formation professionnelle continue a été une œuvre émancipatrice. Dans les temps des compagnonnages, les anciens prenaient en charge l’éducation des jeunes, organisant des leçons de trait
, indispensables pour ceux qui n’avaient pas eu accès à l’école. Des figures, comme Léon Jouhaux, ont également plaidé pour une éducation intégrée au travail, soulignant l’importance de l’épanouissement individuel et collectif au sein du mouvement ouvrier.
Au XIXe siècle, le mouvement syndical émerge centrant ses efforts sur l’éducation des travailleurs. Lors de l’exposition universelle de Vienne en 1873, une délégation ouvrière affirmait : Par l’instruction, l’ouvrier comprendra mieux ses véritables intérêts. Nous demandons que cette instruction soit professionnelle, car patrons et compagnies ont érigé la division du travail en principe.
.
Face à la dégradation des conditions de travail, notamment avec l’avènement du taylorisme et du fordisme, le syndicalisme a dû s’approprier la question de l’éducation, essentielle à l’émancipation de la classe ouvrière. En 1900, le Congrès de Paris a affirmé la nécessité de l’éducation professionnelle, renforçant l’idée que la formation était un droit pour tous les travailleurs.
C’est dans cet esprit que Fernand Pelloutier, figure emblématique du syndicalisme français, a créé les Bourses du travail, des espaces d’apprentissage pour tous les travailleurs. Les cours professionnels et le maintien de l’apprentissage témoignent de la résistance des ouvriers qualifiés face à l’évolution des métiers. L’essor des écoles de métiers, comme celles mises en place par les Centrales Syndicales au début du XXe siècle, a également joué un rôle clé dans cette dynamique.
Dans cette tradition, la CGT-FO a toujours fait de l’éducation permanente un levier pour promouvoir tous les travailleurs. Roger Louet, secrétaire confédéral, soulignait déjà en 1960 que À Force Ouvrière, nous considérons que la promotion professionnelle n’est qu’un élément d’une réelle promotion sociale, laquelle doit permettre en fait à chaque individu comme à chaque groupe d’individus, de donner la totale mesure de ses facultés ou de satisfaire ses aspirations, dans le but non seulement de se promouvoir matériellement à titre personnel, mais aussi de tendre collectivement à bâtir une véritable démocratie économique
.
Une étape majeure dans cette construction a été l’Accord national interprofessionnel signé le 9 juillet 1970 puisqu’il a posé le fondement du droit individuel à la formation professionnelle continue et a acté la compétence des interlocuteurs sociaux en la matière. Ce dernier a servi de base à la loi Delors de 1971 qui, pour la première fois, a consacré la formation professionnelle continue dans le cadre de l’éducation permanente
.
En 2018, des décennies plus tard, le gouvernement a opéré un retournement en rompant avec la philosophie de la formation professionnelle continue et reprenant le contrôle stratégique et financier du dispositif. La Formation professionnelle est envisagée comme la solution aux maux du marché du travail : chômage, pénurie de main d’œuvre, besoins des entreprises, transition énergétique, etc. La place de l’Homme au travail est bouleversée puisque désormais le travailleur devient « acteur » de son propre parcours et « consommateur » de l’offre de formation, tandis que l’employeur se trouve partiellement déresponsabilisé de ses obligations de formation.
Face à ce constat, la CGT-FO réaffirme ses revendications. La Formation doit servir la promotion professionnelle et sociale des travailleurs. Pour cela, elle doit conduire à qualifier les parcours professionnels afin de maintenir les salariés au sein d’un emploi stable et durable. Autrement dit, elle doit permettre à chaque individu, ainsi qu’à chaque groupe, d’exprimer pleinement ses facultés et d’atteindre ses aspirations, non seulement pour un épanouissement personnel, mais aussi pour contribuer collectivement à bâtir une véritable démocratie économique.
C’est ainsi qu’un guide pratique a été élaboré par notre Confédération. Il a pour but d’aider les élus du personnel à comprendre leur rôle, à déchiffrer les stratégies patronales et à répondre aux demandes de formation des salariés. En définitive, ce guide s’inscrit modestement dans la continuité de notre organisation, la CGT-Force Ouvrière, qui considère l’action syndicale comme moteur de l’émancipation et de la promotion sociale des travailleurs.