Transports : la colère monte chez Keolis Tisse en Essonne

Chez Keolis Tisse, société de transport de voyageurs basée en Essonne, une intersyndicale comprenant FO a déposé le 20 juin un préavis de grève qui court jusqu’à fin décembre. Il fait suite à une alarme sociale concernant la vétusté des véhicules. Les syndicats s’inquiètent également de la négociation d’un accord de substitution à la suite du changement de prestataire survenu en janvier 2024.

Il a cru sa dernière heure arrivée. Fin mai, un chauffeur de bus de la société Keolis Tisse, basée en Essonne, ramenait son véhicule en pleine nuit au dépôt de Bondoufle lorsqu’il a été victime d’un spectaculaire accident sur l’autoroute. D’après les images, le bus articulé s’est coupé en deux et la moitié a basculé dans le ravin. Le conducteur, extrêmement choqué et qui s’en est sorti avec des fractures aux doigts, a déposé plainte contre la direction.

Ahmed Hedjane, élu FO au CSE, pointe la vétusté du véhicule. Plus tôt dans la journée, un chauffeur avait refusé de prendre le volant de ce bus en raison de voyants rouges allumés. Mais après son immobilisation, le véhicule a été réattribué trois quarts d’heure plus tard au conducteur qui a eu l’accident, dénonce le militant.

Selon lui, ce bus avait déjà fait l’objet d’une soixantaine de signalements depuis février 2024 pour divers problèmes dont l’un concernant l’articulation. La direction, citée par Le Parisien, a reconnu que l’accident pourrait provenir d’un élément mécanique possiblement défectueux tout en rappelant que le bus possédait un contrôle technique en règle.

Après avoir exigé un CSE extraordinaire et déposé une alarme sociale, une intersyndicale comprenant FO a déposé un préavis de grève qui court du 20 juin à fin décembre. Au-delà de ce cas particulier, FO dénonce un parc de véhicules très vieillissant qui met en danger à la fois les usagers et les personnels de conduite. Ce sont des cercueils roulants. On travaille la peur au ventre. Les plus courageux refusent de prendre les véhicules en mauvais état mais les intérimaires ou les nouveaux embauchés acceptent de rouler avec. Chaque matin, entre 15 et 20 chauffeurs ne sortent pas du dépôt car leur véhicule n’est pas en état de rouler. Cela crée de gros problèmes sur le réseau. Il y a beaucoup de réunions publiques sur ce sujet dans les villes desservies, renchérit Baha Boudhaouia, délégué FO.

Après l’accident, IDFM, l’autorité organisatrice des transports publics en Ile-de-France, a promis l’arrivée de seize bus articulés en bon état d’ici fin juin. Mais on ne les a toujours pas vus arriver, poursuivent les militants FO.

L’enjeu de la sécurité des réseaux

La société Keolis Tisse exploite depuis le 1er janvier 2024 une soixantaine de lignes du Territoire d’Evry Centre Essonne, après avoir remporté deux appels d’offres lancés par IDFM. La vétusté des véhicules se pose depuis la délégation de service public. On a récupéré du matériel dans un état catastrophique, il n’a pas été renouvelé avant la passation de marché, poursuit Baha Boudhaouia.

L’union départementale FO de l’Essonne avait déjà dénoncé en 2021 le mauvais état de certains bus, visant à l’époque la société Keolis Meyer. Pour la sécurité des réseaux, il est temps que l’ensemble des élus demandent des comptes aux compagnies de bus qui utilisent encore de vieux bus, poursuit l’UD dans un communiqué daté du 4 juin.

Les revendications de FO portent également sur la négociation des accords de substitution par suite du changement de prestataire. Le nouvel employeur, qui exploite deux dépôts à Corbeil et Bondoufle, avait 15 mois pour harmoniser les conditions de travail et de rémunération des quelque 700 salariés issus de différentes entreprises. Les négociations n’avancent pas. Les accords actuels qui expiraient fin mars ont été prorogés jusqu’en juillet. La direction pourra encore les proroger ou les faire tomber et dans ce cas, c’est le code du travail qui s’appliquera, s’inquiète Baha Boudhaouia.

Les salaires constituent un autre sujet de désaccord avec la direction. Les NAO 2025 n’ont toujours pas démarré, malgré les demandes réitérées du syndicat depuis le mois de mars.

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