Complémentaire santé : FO-Finances vent debout contre le choix d’Alan par Bercy

Séisme, bombe, tournant historique… Les personnels des ministères économiques et financiers n’ont pas de mots assez forts pour dénoncer le choix fait par Bercy de la start-up Alan comme nouvel opérateur pour la complémentaire santé dans le cadre de la réforme de la PSC.

La Mgéfi [mutuelle de la fonction publique et des finances, NDLR], opérateur historique, éjectée au profit d’une start-up assurantielle !, s’indigne FO-Finances. De son côté, le 2 juin, la Mgéfi (groupe Matmut), opérateur au ministère pour la complémentaire santé depuis 2008 et qui comptait 85 % des agents dans ses contrats, a annoncé qu’elle lançait un recours contre la décision du ministère. Dans le cadre de la réforme de la protection sociale complémentaire/PSC (découlant de la loi de Transformation de 2019 et prévoyant une participation financière de l’employeur public), un accord de très bon niveau, couplant santé et prévoyance, avait cependant été signé le 21 juin 2024 entre l’administration et les syndicats, rappelle Pascaline Kerhoas, secrétaire générale de FO-Finances. Le choix d’Alan (contre celui de la Mgéfi, de Malakoff Humanis ou de Prédica), qui deviendrait le nouvel opérateur santé au 1er janvier 2026, laisse les agents pantois et en colère. À noter que le choix d’un opérateur se fait désormais par appels d’offres. Nous sommes écartés de toute décision. C’est une logique de marché, pointe la militante.

 À l’opposé des valeurs mutualistes, syndicales et de solidarité

Les syndicats de Bercy ont signé un appel contre ce choix qui va donc concerner 136 000 agents (DGFIP, douanes, Insee…) et quelque 130 000 retraités. Par ailleurs, deux organisations, dont FO-Finances, demandent la tenue d’une nouvelle CPPS (commission paritaire de pilotage et de suivi de la PSC), après celle du 22 mai au cours de laquelle a été annoncé le choix d’Alan. La start-up, elle, accumule les victoires, ayant déjà raflé le marché du ministère de l’Écologie, celui des services du Premier ministre et de l’Assemblée nationale. Créé en 2016 et avec un capital bâti sur des fonds d’investissement, le groupe use à l’envi du numérique et de l’IA pour réduire ses frais de gestion. Pour tenir son rang dans l’appel d’offres, Alan, qui à l’évidence veut s’implanter dans la fonction publique, s’est engagé à la mise en place d’une présence physique pour la gestion des futurs contrats, explique Pascaline Kerhoas. À des recrutements, donc. On ne voit pas comment !, tranche la militante, rappelant que cet assureur privé à but lucratif vise logiquement les profits. Or si son volume d’affaires croît, Alan a enregistré une perte de 34 millions d’euros en 2024 rappelle FO-Finances. Cette start-up est à l’opposé des valeurs mutualistes mais aussi syndicales d’entraide et de solidarité, souligne la fédération. Les agents redoutent une dégradation des prestations et des services, une perte de la proximité et du conseil aux agents.

A lire également