Michaël Renuy, DSC chez Securitas : militer à FO m’a beaucoup apporté
Michaël Renuy, 49 ans, est agent de sécurité qualifié et délégué central FO chez Securitas, leader de la sécurité privée, qui emploie plus de 10 000 salariés en France. En mai dernier, le syndicat est arrivé en tête des élections professionnelles, gagnant deux places par rapport au précédent scrutin.
Vote syndicat FO c’est le moment, FO-Securitas c’est pas des figurants, c’est une équipe forte et qui se bat pour toi, et chaque voix compte, alors lève-toi !
C’est avec cette chanson de campagne très rock en fond sonore que le syndicat FO a remporté mi-mai les élections professionnelles chez Securitas, numéro un de la sécurité privée qui emploie 10 700 salariés en France.
Avec une audience de 31,5 %, le syndicat devance de dix points la seconde organisation. Il est présent dans tous les CSE et décroche des élus au siège, une première. Dans les trois CSE les plus importants, en Île-de-France, dans le Sud-Ouest et dans le Sud-Est, le bureau est 100 % FO
, se félicite Michaël Renuy, surnommé Mika, délégué central depuis octobre 2023.
Le militant explique cette victoire par le travail, la volonté et la camaraderie
, saluant l’engagement de toutes les équipes sur le terrain. Le syndicat a aussi défendu son bilan. FO est notamment à l’origine de la création d’un fonds social pour aider les salariés en difficulté et d’un compte épargne-temps pour tous les personnels.
Après divers emplois, Michaël a découvert le métier d’agent de sécurité lors d’une mission pour le Printemps de Bourges. Il est embauché par une entreprise rachetée par Securitas en 1998. Originaire du nord de la France, ce petit-fils de mineurs et fils d’ouvriers, tous syndiqués à FO, n’était alors pas sensible au combat syndical. Mais j’avais la culture de la solidarité
, précise-t-il.
En 2000, il se rend seul à l’inspection du travail pour obtenir la requalification de son contrat en CDI à temps complet. Cette action permettra à d’autres collègues dans la même situation que lui de bénéficier d’une telle mesure. C’est après avoir discuté avec un militant qu’il adhère finalement à FO, se reconnaissant dans les valeurs de liberté et d’indépendance. Aujourd’hui, le délégué central est également membre du bureau de l’UD du Cher et conseiller prud’homal.
Des conditions de travail difficiles
En raison de ses nombreuses activités syndicales, cet agent d’exploitation sécurité incendie ne figure plus sur les plannings, mais il tient à ne pas perdre le lien avec le terrain, où les conditions de travail sont difficiles. Les métiers ne sont pas attirants. On peut travailler le week-end, la nuit, rester debout toute la journée, il y a de plus en plus de violence, le niveau de responsabilité augmente, et tout ça pour un salaire de misère
, déplore-t-il. Le militant revendique notamment une revalorisation des heures de nuit et du dimanche, majorées seulement de 10 %. Il déplore aussi l’absence de treizième mois dans la branche.
Ces conditions difficiles ne l’empêchent pas d’aimer son métier. On est mal considérés, mais c’est très enrichissant d’alterner les sites et on fait le bien, on aide les gens. Militer à FO aussi m’a beaucoup apporté. Quand on obtient une prime pour les salariés d’un site, je suis heureux
, poursuit-il.
Mais dans l’entreprise, le climat n’est pas serein depuis l’arrivée à l’été 2023 d’un nouveau président qui a lancé une restructuration. La nouvelle stratégie mise en place est d’augmenter les marges pour satisfaire l’actionnaire suédois. Securitas perd ainsi beaucoup de contrats et se débarrasse des activités qu’elle juge n’être pas assez rentables. C’est la finance avant l’humain. En un an, on a perdu plus de postes que durant les dix années précédentes. Tout le monde se pose des questions
, explique Michaël. L’activité de sécurité aéroportuaire vient ainsi d’être vendue. On a beaucoup de collègues à épauler, et on est de moins en moins nombreux. Depuis la fusion des IRP, on est passés de presque 1 000 élus à quelque 130 élus titulaires dans l’entreprise
, indique le militant, qui ne manque pas de ténacité.